La Première Nation bloque l’accès aux travailleurs forestiers en Haute-Mauricie


Louis Deschênes
Depuis plusieurs mois, des entreprises forestières ne peuvent plus se rendre sur le territoire autochtone Wemotaci, en Haute-Mauricie, se butant à une route bloquée par des membres du regroupement Première Nation Mamo.
Un barrage routier avec des campements a été érigé sur la route 25 à une centaine de kilomètres de La Tuque. Des travailleurs tentent de franchir le blocus pour gagner leur vie, ce qui provoque de graves tensions.
Les gardiens territoriaux, qui veulent être entendus autrement que par le conseil de bande, s’opposent ainsi au projet de loi 97 du gouvernement de la CAQ, qui vise à moderniser le régime forestier québécois.
Ils revendiquent leurs droits ancestraux, craignant les coupes à blanc et une détérioration de la forêt.
Devant l’ampleur de la situation, les élus de la nation atikamekw, des acteurs de l’industrie forestière et des ministres se sont réunis pour discuter de l’épineux dossier.
Le regroupement exige des amendements importants au projet de loi, qui seront indispensables pour parvenir à l’acceptabilité sociale dans leur communauté.
À son arrivée au Conseil des ministres, à Québec, mercredi, Maïté Blanchette Vézina se disait consciente des tensions, mais tenait mordicus à la réforme de l’industrie forestière.
«On veut tous la même chose et c’est trouver une solution», a ajouté le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.
Lourdes pertes financières
Pendant ce temps, des travailleurs forestiers disent être à bout de souffle après des mois d’arrêt forcé.
Au Saguenay, l’entrepreneur forestier Mickael Lamontagne affirme que ses opérations sont suspendues depuis juin.
«Pour les entrepreneurs, ça devient critique. On passe de revenus par mois... à zéro», explique-t-il.
Malgré l’arrêt des travaux, les frais fixes continuent de s’accumuler.
«Oui, la foresterie brasse beaucoup d’argent, mais la machinerie forestière, ça coûte très cher à faire virer», affirme M. Lamontagne.
Comme la crise d’Oka
La pression est si forte sur les entreprises forestières que le couvercle de la marmite aurait pu sauter la semaine dernière alors qu’un entrepreneur, Dany Grenier, s’est retrouvé face à face avec le gardien de territoire Dave Petiquay, très actif dans l’actuel conflit.

La scène, qui rappelait la confrontation de la crise d’Oka en 1990, a fait craindre le pire, mais les deux opposants ont finalement gardé leur sang-froid.
Le conflit a aussi provoqué de vives réactions chez les élus municipaux et le maire de La Tuque, Luc Martel, qui ne se gêne pas pour critiquer la CAQ dans ce dossier.
«Nous exigeons des mesures immédiates et fermes pour lever ce blocus. Laisser la situation se détériorer est non seulement une erreur politique, mais un abandon pur et simple des gens qui vivent et travaillent de cette forêt. L’État a le devoir d’agir, de protéger l’économie régionale, la sécurité des citoyens et la paix sociale», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
– Avec Geneviève Lajoie et TVA Nouvelles
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