La première gaffe de PSPP


Rémi Nadeau
Les Québécois sont dorénavant les seuls à subir une taxe sur le carbone et ça entraîne un casse-tête pour quiconque aspire à gouverner en 2026. Comment peut-on être plus équitable pour le prix de l’essence à la pompe tout en luttant contre les changements climatiques? En s’engageant à diminuer les taxes, Paul St-Pierre Plamondon semble s’être enfargé en voulant aller trop vite.
Depuis que Mark Carney a annulé la taxe fédérale sur le carbone, les Québécois ont réalisé qu’en faisant le plein d’essence ils casquent tout seuls au nom de l’environnement.
Les automobilistes ont envie de manger leurs bas quand ils constatent qu’ils paient 1,56$ le litre, au lieu de 1,39$ à Ottawa.
Clairement, ce n’est pas juste.
Au sein du gouvernement Legault, un débat est amorcé.
La publication d’un sondage démontrant que 56% des Québécois sont prêts à mettre la hache dans la bourse du carbone, même si les sommes amassées sont censées être investies dans la réduction des GES, crée de la nervosité.
Mercredi soir, la question a été au cœur des discussions du caucus de la CAQ, certains députés ayant fermement demandé un changement de position.
Pour l’instant, le ministre des Finances écarte la possibilité de mettre fin à la tarification carbone, ou de baisser les taxes sur le carburant.
PSPP piaffe
Face à Éric Duhaime, qui constitue un adversaire sérieux dans Arthabaska, Paul St-Pierre Plamondon a eu l’air d’un chef qui a la bougeotte, mardi.
Sa position est la suivante. Si le gouvernement n’agit pas pour diminuer le prix de l’essence, le PQ s’engage à réduire les taxes ou à accorder une remise aux consommateurs afin d’harmoniser la facture avec celle des autres provinces, tout en maintenant la bourse du carbone.
Le PQ admet que la mesure pourrait coûter jusqu’à 1,5 milliard $.
C’est là où le bât blesse.
PSPP, comme le reste de l’opposition, a démonisé la baisse d’impôt accordée par la CAQ avant l’élection de 2022, en partie à l’origine de la décote financière du Québec.
De façon responsable, malgré la tentation, les chefs de parti ne devraient pas formuler de coûteuses promesses pour 2026.
Parce que le déficit est de 14 milliards $ et que nos infrastructures sont dans un état lamentable.
Quand on ne trouve pas d’argent pour reconstruire l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, malheureux théâtre d’apparitions animalières en milieu de soins, c’est que les coffres sont à sec.
Où prendre l’argent?
Dans ce contexte, on comprend mal comment le PQ, qui se présente comme le gouvernement en attente, peut d’emblée promettre de se priver de plus d’un milliard $.
Est-ce la montée des conservateurs qui l’incite à jouer différemment ses billes?
Pendant la campagne pour la partielle de Jean-Talon, à Québec, le PQ s’était soudainement montré plus vague sur le troisième lien.
Il a préféré ne pas prendre position jusqu’ici sur la délicate question du taux d’alcool permis au Québec.
Le parti ne s’est pas mouillé non plus sur le nouveau régime forestier proposé par le gouvernement Legault, qui suscite des critiques, mais qui est applaudi par les forestières promettant des emplois payants en région.
Jusqu’ici, PSPP a fait preuve de conviction en maintenant son engagement à tenir un référendum sur la souveraineté, coûte que coûte.
Par contre, il se dégage une certaine impression de calcul électoral en d’autres matières.
Et sa sortie de mardi sur l’essence avait des allures d’improvisation sur fond de précampagne.
Comme s’il avait constaté qu’Éric Duhaime avait le bon cheval de bataille et qu’il avait décidé d’enfourcher sa monture en plein galop...