Meurtre de Guylaine Potvin: la porte de l’appartement était déverrouillée selon ses colocs
Les anciennes colocataires de Guylaine Potvin ont témoigné avec beaucoup d’émotion des souvenirs qu’elles ont du drame qui s’est joué le 28 avril 2000

Pierre-Paul Biron
Les deux colocataires de Guylaine Potvin au moment de son meurtre en avril 2000 ont raconté mercredi que la porte de l’appartement était débarrée le soir où le drame s’est joué. «Guylaine ne barrait pas toujours la porte au cas où je rentrais, mais que je n’avais pas mes clés», s’est souvenue l’une d’elles avec émotion.
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Même si les années ont passé, Nadine (nom fictif) n’a jamais oublié les émotions qui l’ont envahie lorsqu’elle a appris le tragique décès de sa colocataire, assassinée en pleine nuit dans l’appartement qu’elles partageaient.
La femme, extrêmement nerveuse de témoigner mercredi, avait dormi chez son petit-ami la nuit du 27 au 28 avril 2000. La troisième colocataire était elle aussi absente, partie pour le week-end, laissant Guylaine Potvin seule à la maison. C’est cette nuit-là que Marc-André Grenon serait entré chez elle pour l’agresser sexuellement et la tuer selon la théorie de la couronne.

Porte débarrée
Les deux femmes ont témoigné tour à tour mercredi. Toutes deux ont relaté que la porte du logement était fort probablement débarrée, même si leurs souvenirs des faits exacts ayant mené à ce tragique coup du sort diffèrent quelque peu.
«J’ai ressenti beaucoup d’émotion. Et beaucoup de rage aussi. Parce qu’on savait que c’était quelqu’un qui était entré et que la porte n’était pas barrée», a témoigné Mélissa Arnaud, qui étudiait en éducation spécialisée avec Guylaine Potvin.

Elle a raconté au jury avoir répété quelques fois à ses colocataires que «ça n’avait pas d’allure de laisser la porte débarrée» dans la semaine précédant le drame.
Si la porte était ouverte, c’est parce que Guylaine Potvin avait possiblement prévu que la troisième coloc n’aurait pas ses clés si elle rentrait à la maison. Le soir du drame, cette colocataire, qui avait 20 ans à l’époque, dit avoir songé à retourner à l’appartement pour récupérer des vêtements avant d’aller chez son copain.
«Mais je ne suis pas arrêtée», a-t-elle laissé tomber, en larmes. «Je me suis beaucoup demandé si j’aurais pu changer quelque chose, faire quelque chose de différent. Si j’étais rentrée [ce soir-là], est-ce que ce serait arrivé», se demande encore Nadine, 24 ans plus tard.
Aucune responsabilité
À la fin du témoignage de la femme, le juge François Huot, voyant l’émotion qui ronge toujours celle qui a déménagé de l’appartement où s’est joué le drame dans les jours suivants, a tenu à lui adresser quelques mots de réconfort. Pour qu’elle puisse «enfin tourner la page».
«Je vous souhaite de retrouver une certaine sérénité par rapport à ça. Vous n’avez aucune responsabilité dans ce qui s’est passé, c’est un triste concours de circonstances», a insisté le juge.
Parmi les autres éléments pertinents du témoignage des deux colocataires, il est à noter que les deux femmes ont confirmé n'avoir jamais vu Marc-André Grenon en présence de Guylaine Potvin. Sinon, une boîte de condom de marque Trojan et de grandeur large était manquante de l’une des chambres. Une boîte semblable, déchirée et avec des préservatifs manquants, a été retrouvée dans le fouillis de la chambre de la victime.

D’autre part, les deux femmes ont raconté que certaines choses étaient anormales dans leur chambre à la vue des photos du technicien en scène de crime, notamment les tiroirs et armoires ouverts.
Le procès pour meurtre et agression sexuelle grave de Marc-André Grenon se poursuivra jeudi au palais de justice de Chicoutimi.
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