La politique veut-elle encore de Jean Charest?

Philippe Léger
Jean Charest veut revenir en politique. Mais la politique veut-elle encore de lui ?
Un véritable mouvement conservateur pencherait pour son retour.
Les députés du Québec l’inciteraient à se lancer, tout comme certains de l’Ontario, des maritimes et même de l’Ouest.
Les « progressistes-conservateurs » semblent en avoir fait leur candidat.
Est-il véritablement le sauveur conservateur ?
Permettez-moi d’avoir quelques doutes.
Plus Trudeau
Les conservateurs espèrent trouver en Jean Charest une sorte de réincarnation de Brian Mulroney.
Un candidat ancré au Québec, d’un charisme indéniable, qui pourrait balayer la province comme à l’élection de 1984.
Ils comprennent que sans le Québec, les conservateurs ne pourront espérer qu’un gouvernement minoritaire, dans le meilleur scénario.
Mais cette équivalence ne fonctionne pas. Brian Mulroney offrait au Québec de renouveler sa place dans le Canada.
Cela s’incarnait par notre réintégration dans la constitution canadienne et la reconnaissance d’une société distincte.
Jean Charest ne proposera jamais rien de tel. Il n’assumera jamais de « beau risque ».
Son antinationalisme l’empêche : il est plus proche de la lignée Trudeau, père et fils, que de Mulroney. Toute affirmation québécoise est suspecte pour lui.
La question suivante se pose : en quoi, aujourd’hui, Jean Charest est-il davantage un conservateur qu’un libéral ?
Le parti n’est pas, comme lui-même l’avait affirmé, très différent de celui qu’il avait dirigé de 1995 à 1998 ?
N’a-t-il pas plus en commun avec Francois-Philippe Champagne et Chrystia Freeland que Pierre Poilièvre et Gérard Deltell ?
Mémoire
À cela s’ajoute la perception du régime Charest dans la mémoire collective.
72 % des Québécois ont une mauvaise opinion de Jean Charest, selon un récent sondage. Seul Philippe Couillard a une cote plus négative.
Une odeur de corruption et d’affaissement du Québec lui est encore liée.
Jean Charest a toujours gagné en politique. Or, son plus grand échec, c’est le souvenir que les Québécois retiennent de son gouvernement.
Alors voilà, si les conservateurs espèrent gouverner à nouveau, je ne suis pas sûr que Jean Charest soit la meilleure option.