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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Un jeune Inuk abattu par la police à Salluit et son jumeau blessé

Le Bureau des enquêtes indépendantes se penchera sur le déroulement de l’intervention policière

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Laurent Lavoie et Erika Aubin

2024-11-04T20:00:26Z
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Des dizaines de manifestants en colère se sont regroupés lundi devant la résidence où un jeune père de la communauté de Salluit, au nord de la province, a perdu la vie après qu’un policier a ouvert le feu en sa direction.

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«Justice pour Joshua», ont tonné des manifestants, pancartes à la main, lundi après-midi en se promenant au cœur du village enneigé de Salluit. Ils se sont ensuite arrêtés pour se faire entendre devant la résidence où un Inuk âgé de la vingtaine est mort plus tôt ce matin.

Les manifestants dans la rue criaient «Justice pour Joshua».
Les manifestants dans la rue criaient «Justice pour Joshua». Photo fournie par MOSES TARKIRK

Vers 4h, un agent aurait déchargé son arme à feu sur Joshua Papigatuk lors d’une intervention. Il est décédé. Son frère jumeau aurait également été blessé gravement. Celui-ci a été évacué par avion pour recevoir des soins, selon nos informations.

Des membres de la communauté se sont regroupés devant la résidence où l’homme a été abattu par balle par un agent tôt lundi matin.
Des membres de la communauté se sont regroupés devant la résidence où l’homme a été abattu par balle par un agent tôt lundi matin. Photo fournie par MOSES TARKIRK

Toujours d’après nos sources, les policiers auraient d’abord été appelés parce que Joshua Papigatuk désirait prendre un véhicule même s’il était intoxiqué.

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À leur arrivée, les agents auraient aperçu le jumeau de ce dernier, lui aussi en état d’ébriété, à bord d’une camionnette pour récupérer son frère.

Joshua, depuis le balcon d’une résidence, aurait commencé à parler avec les policiers et le ton aurait monté. Il était alors en présence de deux femmes, envers qui des gestes de violence auraient été portés, toujours selon nos informations. Les choses auraient dégénéré lorsqu’il aurait résisté à son arrestation. Durant l’escarmouche, les deux policiers seraient tombés en bas du balcon et la confrontation se serait poursuivie.

Un agent se serait fait frapper par l’homme de 25 ans et une arme à impulsions électriques (taser) aurait notamment été utilisée pour le maîtriser, sans succès. Finalement, des coups de feu ont été tirés par les policiers et les jumeaux ont été atteints.

Les deux frères n’étaient pas connus des autorités comme étant des personnes problématiques.

En rage

Le drame a immédiatement déclenché une vive colère chez de nombreux résidents du petit village nordique «où tout le monde se connaît».

«La communauté est en rage. On a l’impression d’avoir assisté à un meurtre. On ne se sent même plus en sécurité dans la rue avec ces policiers», a laissé tomber Moses Tarkirk, un ami d’enfance des victimes. Selon lui, ses deux amis étaient intoxiqués, mais n’avaient aucune arme lors de l’intervention policière fatale.

Au bout du fil, il avait du mal à retenir ses larmes. «C’est choquant, c’est vraiment difficile. Les policiers ont des tasers, des bâtons télescopiques. Ils auraient pu utiliser autre chose pour ne pas en arriver à dégainer leur arme contre une personne», déplore-t-il.

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Photo tirée de FACEBOOK, PIARI KAUKI GENTES
Photo tirée de FACEBOOK, PIARI KAUKI GENTES

Dans une vidéo captée par un témoin et qui circule largement sur les réseaux sociaux, on aperçoit le moment où un policier aurait tiré. La séquence de 12 secondes se déroulerait en plein milieu de la rue. Deux détonations se font entendre, pendant qu’un individu s’effondre au sol.

Moses Tarkirk a décrit son ami Joshua, un père de plusieurs enfants, comme un homme poli, généreux et qui était toujours prêt à donner un coup de main aux autres.

«Les jumeaux étaient toujours ensemble. Quand on était jeunes, on passait nos journées à jouer et s’amuser dehors, à aller à la pêche, à la chasse, se souvient-il. C’est une montagne russe d’émotions.»

Son décès a aussi affecté plusieurs de ses collègues à la mine Raglan, qui a mis en place du soutien pour ses employés.Il s’agit d’un élément qui devrait être étudié par le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) chargé de faire la lumière sur l’intervention.

Carte de Salluit, dans le Nord-du-Québec.
Carte de Salluit, dans le Nord-du-Québec. Photo fournie par LE JOURNAL DE MONTRÉAL
Encore un drame

Il s’agit d’une nouvelle tragédie pour le village de Salluit, où vivent environ 1600 âmes. En septembre, un adolescent d’à peine 17 ans hautement intoxiqué aurait battu à mort sa propre mère.

La communauté, la deuxième plus au nord de la province, avait aussi été secouée en janvier dernier, lorsquun garçonnet de 4 ans avait perdu la vie après avoir été attaqué par des chiens sauvages.

–Avec la collaboration de Camille Payant

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