Ado abattu par la police de Longueuil: le jeune de 15 ans n’avait pas d'arme à feu
La famille et les proches veulent que justice soit rendue

Frédérique Giguère
Même s’il n’avait pas d'arme à feu, la police de Longueuil a abattu un adolescent de 15 ans dimanche, laissant sa famille dans l’incompréhension la plus totale et faisant naître une profonde soif de vérité.
«Je veux que justice soit faite, lance en larmes Sharif Rezayi, rencontré sur la scène de crime lundi midi. C’était un bébé, un petit garçon de 15 ans inoffensif. Je veux des réponses.»

Vers 15h dimanche, la présence d’au moins une vingtaine de jeunes vêtus presque majoritairement de noir et arborant des capuchons a fait sourciller de nombreux résidents d’un quartier résidentiel familial et paisible de l’arrondissement de Saint-Hubert.
«Plusieurs d’entre eux portaient des masques pour cacher leur visage et semblaient menaçants. Comme d’autres, j’ai appelé le 911», a confié une voisine, craintive au point de taire son nom.
Le groupe s’est dirigé vers un secteur boisé, puis une poignée d’entre eux est ressortie, agitée et en courant.
Ils braquent leur arme
C’est à ce moment qu’un premier duo de policiers est arrivé, croisant ainsi le chemin du jeune Nooran Rezayi. Celui-ci se trouvait avec trois autres amis.
«Les policiers sont débarqués de leur voiture, ont braqué leur arme sur nous et se sont placés derrière leur portière en disant avoir reçu des appels pour des jeunes armés, raconte l’un des copains de la victime, en entrevue avec Le Journal, sous le couvert de l’anonymat. Ils nous ont demandé si on avait des armes, on a répondu que non. Et là, Nooran a mis sa main dans son sac à dos, qu’il portait devant lui, et ils ont tiré une première balle. Pendant qu’il était en train de tomber par terre, ils ont tiré une deuxième balle.»

Cette version des faits est corroborée par de nombreux voisins, qui sont marqués par un détail en particulier: la vitesse à laquelle le policier a tiré sur la jeune victime.
«Ils semblaient vraiment inoffensifs, lance une voisine et témoin du drame, qui préfère demeurer anonyme par crainte de représailles. Ils n’ont même pas tenté de dialoguer avec eux, ça s’est passé tellement vite.»
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Pourquoi ils ne l’ont pas tasé [avec un pistolet à impulsion électrique]? Pourquoi une deuxième balle?» se demande son père, en sanglots.
Le jeune ami de Nooran Rezayi est catégorique: ils ne portaient aucune arme et il ne comprend pas comment les policiers ont pu obtenir une telle information. Les autorités n’ont effectivement retrouvé aucune arme à feu sur la jeune victime ni dans son sac, ont confirmé nos sources.

«Ils ont tué mon bébé»
Depuis l’annonce de l’effroyable nouvelle, la maman de l’adolescent peine à se tenir debout.
«Chaque deux minutes, elle répète “ils ont tué mon bébé”, raconte Ali Khamedi, l’oncle de l’adolescent, qui accompagnait le père sur la scène de crime lundi. Ce sont les seuls mots qu’elle a prononcés. La police est là pour protéger le public, pas tuer le public, il me semble.»
C’est le Bureau des enquêtes indépendantes qui a été chargé de faire la lumière sur cet événement tragique. Un point de presse sera d'ailleurs tenu mardi matin afin de faire le point.
La mort de Nooran Rezayi, dépeint comme un garçon aimable et respectueux, a toutefois donné lieu à une véritable enquête parallèle lundi. Pendant de nombreuses heures, des proches et des amis du garçon arpentaient les rues du quartier et interrogeaient des résidents dans le but de récolter de la preuve. Une avocate et mère d’un ami du garçon était même sur place pour guider les jeunes.


«Nous voulons démontrer que la police a tué notre ami pour rien, dit l’un d’eux. C’est difficile d’avoir confiance en leur travail après ça.»
– Avec Félix Séguin
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