La plus grosse tempête de neige en plus d’un siècle à Montréal fait suer des milliers de citoyens
Plus de 70 centimètres de neige sont tombés depuis jeudi, selon MétéoMédia

Laurent Lavoie
L’une des plus grosses tempêtes à s’être abattue sur Montréal en plus d’un siècle a paralysé lundi de nombreuses rues et forcé plusieurs citoyens à pelleter comme des forcenés afin de déneiger leurs quartiers ensevelis de neige.
«C’est de la souffrance, a lancé avec un sourire en coin Soufiane Bahaj, rencontré sur la rue d’Avila, dans l’arrondissement Saint-Léonard. C’est mon premier hiver.»
L’homme de 27 ans originaire du Maroc était quelque peu pressé, devant se rendre à l’autre bout de l’île pour aller étudier à l’École des métiers du Sud-Ouest-de-Montréal.

Le hic, c’est que comme de nombreux Québécois, son véhicule était piégé dans un imposant banc de neige, lundi matin.
«J’ai ma fille [dans l’appartement] toute seule, alors je me dépêche pour aller la rejoindre», s’exclame un voisin, Wendy Archange, pelle à la main, près de sa voiture noire.

En 1898
Tout ça est dû aux 72,4 centimètres qui sont tombés sur la métropole depuis jeudi. Selon MétéoMédia, la seule autre fois qu’une même quantité avait été enregistrée c’était entre le 19 et le 22 janvier 1898, il y a plus de 125 ans.
Ainsi, dans le cadre d’une opération qui pourrait durer huit jours, près de 3000 personnes et 2500 véhicules de déneigement dégageront les quelque 11 000 kilomètres de la métropole.

Il est actuellement difficile de déneiger les trottoirs, puisque la chenillette n’est pas en mesure de passer à certains endroits, a mentionné à Qub Radio, Philippe Sabourin, porte-parole pour la Ville de Montréal.
«Il va falloir une souffleuse», a-t-il précisé.
De nombreux citoyens n’ont eu d’autre choix que d’enfiler plusieurs couches de vêtements pour affronter dame Nature, lundi.

En sillonnant les rues montréalaises, Le Journal a compté par dizaines les voitures emprisonnées par des murs de neige.
Dans certains cas, seul le toit ou un rétroviseur était perceptible. Non loin de l’Institut de cardiologie de Montréal, nous avons vu trois personnes en train de déblayer un abri qui s’était effondré sur un VUS.
Des rues étaient si étroites que des voitures se retrouvaient face à face, pouvant difficilement laisser passer les autres automobilistes.
L’heure à l’entraide
Près de la 29e avenue et de la rue Bellechasse, des Américains en visite dans la Belle Province ont prêté main-forte à une dame qu’ils ne connaissaient même pas, et ce, sans hésiter.
Will Babarczy, son fils de 16 ans, Ryan, et son neveu Marco, 17 ans, répétaient les va-et-vient à notre passage pour libérer son petit véhicule rouge d’une montagne de neige.

«Dans des moments comme ceux-ci, c'est là que les voisins doivent aider leurs voisins», a indiqué M. Babarczy, originaire de l’État de New York.
L’étudiant Yacin Ben, qui déneigeait avec son frère, Racin, sa Audi sur le chemin de la Côte-des-Neiges, est persuadé qu’il n’avait jamais vu autant de neige à Montréal.
«Au moins le soleil vient de sortir», s’est -il rassuré.
-Avec la collaboration de Mathieu-Robert Sauvé
Une ville méconnaissable

Un Montréalais n’a jamais vu sa ville sous autant de neige depuis qu’il y a emménagé il y a 20 ans.
David Lapointe, 44 ans, commençait à pelleter autour de sa voiture presque complètement ensevelie lorsque Le Journal l’a croisé lundi dans le quartier Rosemont.
«Ça va me prendre une bonne heure, dit-il, en regardant la tâche à accomplir. On fait avec!»
Il ne se laisse néanmoins pas trop impressionner, lui qui en a vu d’autres dans son Saguenay d’origine.
«On en voit aussi, des tempêtes, là-bas! Mais autant de neige après deux tempêtes de suite comme ça à Montréal, non je n’ai jamais vu ça.»
Olivier Faucher, Le Journal de Montréal
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Un Montréalais a décidé d’enfiler ses raquettes pour être en mesure de marcher sur les trottoirs qui étaient pour la plupart impraticables lundi.
«Les trottoirs ne sont pas déneigés et j’en profite. Au lieu de devoir aller faire de la raquette au parc, je peux juste me promener sur le bord de la rue!», lance Robert Mendelson, un consultant en marketing de 57 ans.
Difficile d’être en désaccord avec lui: la majorité des trottoirs de Montréal étaient sous une épaisse couche de neige et recouverts de bancs de neige à enjamber au lendemain de la tempête.
Les Montréalais étaient ainsi nombreux à préférer marcher dans la rue, quitte à éviter les voitures qui roulaient au moins à basse vitesse.
Robert Mendelson a plutôt vu une superbe occasion de faire de la raquette pendant un trajet de 45 minutes à pied vers sa copine, dans le quartier Rosemont.
«J’aurais espéré de nos chenilles puissent pousser plus de 5 cm de neige sur les trottoirs», dit-il, tout de même déçu pour les piétons.
Olivier Faucher, Le Journal de Montréal
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Des Montréalais ont refusé de laisser la tempête gâcher leur quotidien, malgré les forts vents et des trottoirs submergés de neige.
C’est le cas de Carole, qui a pris le chemin d’un centre communautaire pour une activité. En raison de son hydrocéphalie, une anomalie neurologique, son équilibre est fragile. Bâtons de marche à la main, elle a quand même bravé le froid.
«Écoute, c’est un acte de courage que je fais», a dit la dame, qui habite dans une résidence pour aînés.
Laurent Lavoie, Le Journal de Montréal
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