Le pitoyable Charles III au Canada: une erreur


Loïc Tassé
Il y a quelque chose de vraiment minable à demander au roi d’Angleterre de venir lire le discours du trône à Ottawa.
Certes, le roi lira mieux le discours que la gouverneure générale, toujours incapable de prononcer correctement deux mots d’affilée en français.
Certains soutiendront que Charles III visitera le Canada non pas en tant que souverain de l’Angleterre, mais en tant que souverain du Canada.
D’autres ajouteront qu’il s’agit d’une astuce diplomatique qui vise à se faire respecter de Donald Trump, qui admire la royauté. Ou que Charles III vient rappeler à l’administration Trump l’histoire de l’Amérique du Nord. Ou encore que l’invitation à monsieur III vise à séduire les Anglais pour raffermir les liens entre le Canada et le Royaume-Uni.
Il se pourrait que Mark Carney voue une admiration sincère et profonde à la royauté britannique.
Mais là n’est pas le problème.
Insulte à la démocratie
Le roi III est une insulte à la démocratie. C’est lui qui détient la souveraineté et non pas le peuple.
Une fiction légale, répondront ses défenseurs.
Oui et non. Machin III ou sa représentante pourraient refuser de signer une loi. Ils ouvriraient ainsi une profonde crise constitutionnelle, mais ils en auraient le droit.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Il est scandaleux que dans une démocratie une seule personne, non élue, détienne autant de pouvoirs.
La royauté n’est pas un idéal. Elle représente le reliquat d’une sale époque où la population était exploitée par une minorité d’aristocrates.
Haut-le-cœur
En ce sens, les haut-le-cœur qu’une majorité de Québécois ressentent face à Charles III sont légitimes.
D’ailleurs, la royauté continue à coûter cher aux Canadiens et surtout aux Britanniques.
Qu’a donc accompli de remarquable Charles III pour mériter son pouvoir et sa fortune? Rien de particulier, sinon d’être le fils de son père et de sa mère.
Les privilèges dont il jouit sont contraires à l’esprit des lois d’un pays démocratique où personne n’est au-dessus de la loi et où les dirigeants doivent être élus pour exercer une fonction politique.
Message ambigu
Carney, qui se croit futé, envoie ainsi un message ambigu.
Ce n’est pas tant la filiation britannique et l’indépendance du Canada qui sont célébrées à travers l’invitation de Charles III.
C’est plutôt le privilège exorbitant que s’est arrogé une famille dans l’histoire britannique et canadienne.
Or, au sud, un autre personnage est en train de s’arroger des privilèges tout aussi exorbitants.
La fripouille qui sert de président aux États-Unis n’hésite pas à utiliser sa fonction pour enrichir sa famille.
La Cour suprême américaine, dans un regrettable jugement, a placé le président américain au-dessus des lois, comme s’il s’agissait d’un souverain.
En fait, la visite de Charles III au Canada peut être lue par Trump comme un encouragement à poursuivre sa destruction de la démocratie et son érection en monarque.