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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

La personne avec un col de l’utérus qui fuit

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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-03-25T23:00:00Z
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Avez-vous déjà fredonné la chanson «Personne avec un col de l’utérus de rêve» de Claude Dubois? Avez-vous susurré à l’être aimé «Une personne avec un col de l’utérus avec toi» de Nicole Croisille? 

Vous avez déjà lu le livre «La grosse personne avec un col de l’utérus d’à côté est enceinte» de Michel Tremblay? Ou peut-être que vous avez dévoré «La personne avec un col de l’utérus qui fuit» d’Anaïs Barbeau-Lavalette, qui a même été monté au théâtre?

Connaissez-vous le classique du cinéma français «Et Dieu créa la personne avec un col de l’utérus» de Roger Vadim, avec Brigitte Bardot dans le rôle d’une personne avec un col de l’utérus hyper sexy?

Quoi? Vous ne comprenez pas mon charabia? Vous trouvez ça réducteur de parler des femmes en les restreignant à une partie de leur appareil reproducteur?

C’est pourtant ce que font ces jours-ci l’hôpital Sainte-Justine et l’Université de Montréal. Le mot femme n’existe plus dans leur vocabulaire.

DANS LES HAUTES SPHÈRES 

Sur Facebook, sur le compte du CHU Sainte-Justine et de l’Université Montréal, on peut voir depuis plusieurs jours l’annonce suivante: «À quand remonte votre dernier PAP test? Les résidentes et résidents en gynécologie du CHU Sainte-Justine tiendront une clinique de PAP test le 4 avril prochain, offerte gratuitement!»

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C’était accompagné d’une affiche indiquant qui pouvait passer ce test (qui, je vous le rappelle, est un test gy.né.co.lo.gi.que): «Toute personne avec un col de l’utérus de 21 ans et plus».

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Que des groupuscules militants utilisent le vocabulaire «personne avec un col de l’utérus» au lieu du mot femme, c’est une chose. Mais qu’un hôpital, où œuvrent des spécialistes de la santé, nie ainsi la réalité biologique que seules les femmes ont un col de l’utérus, c’est inquiétant. Que l’Université de Montréal, où s’ébrouent supposément les plus grands scientifiques, une institution d’enseignement supérieur, tombe dans ce vocabulaire ridicule, c’est inquiétant aussi.

LES FEMMES ONT DISPARU! 

Dans mon livre Où sont les femmes?, publié en octobre dernier aux Éditions du Journal, je consacrais tout un chapitre à cette invisibilisation du mot femme. Je parlais de la Société du cancer qui évoquait les termes «trou avant» pour parler de l’utérus et du «cancer de la région de la poitrine» au lieu de parler du «cancer du sein». Vous avez été très nombreux à m’écrire (ou à venir me voir en personne au Salon du livre de Montréal) pour me dire que cela vous scandalisait.

Il semble bien que je vais devoir ajouter un chapitre pour refléter le fait que cette invisibilisation est maintenant tellement répandue que même les hôpitaux et les universités s’en revendiquent, sans même se questionner.

Je me demande ce que la Fédération des personnes avec un col de l’utérus du Québec (la FPCUQ) va dire à ce sujet. Et que dire du Conseil du statut de la personne avec un col de l’utérus?

Et je me demande surtout ce que toutes les personnesavecuncoldelutérusistes qui se battent pour l’égalité «personnes avec un col de l’utérus–personnes avec une prostate» vont faire à ce sujet.

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