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L'article provient de TVA Nouvelles

La pénurie d'Ozempic fait craindre le pire aux personnes diabétiques

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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2023-09-27T22:39:13Z
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L’anxiété monte chez les usagers du médicament contre le diabète Ozempic, aussi utilisé pour la perte de poids, qui se heurtent à des étagères vides dans les pharmacies. La pénurie les contraint à augmenter leur nombre d’injections ou à changer carrément de molécule.

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«Ma pharmacie va pouvoir m’accommoder en me donnant des stylos d’injection de plus petites doses et je vais devoir m’injecter plusieurs fois par semaine pour arriver au 1 milligramme (mg), qui est la dose pour les diabétiques de type 2», déplore Camille*, qui utilise l’Ozempic depuis bientôt trois ans pour traiter son diabète. 

Ce médicament a énormément amélioré sa qualité de vie, assure la femme de 33 ans. 

Santé Canada et le fabricant du médicament, Novo Nordisk, ont annoncé le 18 août une interruption temporaire de l’approvisionnement du stylo de 1 mg qui devrait s’étirer jusqu’à la mi-octobre. 

La pénurie est due à un retard dans les expéditions et les livraisons, à des contraintes mondiales d'approvisionnement et à une demande accrue pour le produit. 

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Entre novembre 2019 et décembre 2022, la demande pour l’Ozempic a bondi de plus de 48 300% dans la province, selon les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) obtenues par 24 heures

«La demande demeure nettement supérieure à la capacité de réapprovisionnement du fabricant», signale le directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie (AQDP), Hugues Mousseau. 

Plus d’injections

Malgré la pénurie annoncée à la mi-août, les stylos de 1 mg ont commencé à disparaître derrière le comptoir des pharmacies il y a une quinzaine de jours. 

Dans des groupes de soutien sur les réseaux sociaux, plusieurs utilisateurs expliquent s’être fait remettre des seringues de 4 mg à s’injecter en plusieurs doses ou, comme Camille, des stylos plus faibles à s’administrer plus souvent. 

D’autres qui utilisent l’Ozempic pour la perte de poids ont dû se tourner vers des médicaments de remplacement comme le Saxenda, qui contient une molécule différente. 

«À part avoir plus de bleus parce que je dois me piquer plus de fois, il y a aussi l’anxiété de ne pas avoir accès à un médicament clé dans la gestion de ma maladie chronique», confie Camille. 

Si Santé Canada et Novo Nordisk suggèrent les stylos à faible dose «afin d’atténuer les impacts» de la pénurie, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) prévient que les stocks des formulations de 0,25 et 0,5 mg sont «plutôt bas», a-t-elle confirmé à 24 heures

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«Je ne sais juste pas quelle est l’autre option si la pénurie continue, redoute Camille. J’imagine que je vais devoir arrêter, aller chez le médecin pour modifier toute ma médication et recommencer le processus d’adaptation long et pénible à la molécule du sémaglutide [contenue dans l’Ozempic] quand les stocks vont être corrects.» 

AFP
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Les pharmaciens promettent d’être vigilants

Le fait que des personnes qui souhaitent perdre de poids utilisent le médicament pourrait «probablement» expliquer la pénurie actuelle, croit Camille. 

«Quand j’ai appelé ce matin, le pharmacien m’a tout de suite demandé si mon Ozempic était couvert par mes assurances. Quand on est diabétique, ce l’est. Quand on le prend pour une perte de poids, ce ne l’est pas. J’en ai compris qu’ils allaient accommoder vraiment seulement les personnes diabétiques», explique la jeune femme. 

Devant le flux de prescriptions, le médicament a cessé d’être remboursé le 18 juillet dernier par certains assureurs privés lorsqu’il est utilisé pour l’obésité. 

La RAMQ ne couvre pour sa part que les ordonnances pour le traitement du diabète. 

L’AQPP assure que les pharmaciens seront «vigilants» pour assurer l’accessibilité du produit aux personnes diabétiques, même s’ils ne peuvent pas «stocker de façon excessive». 

«L’objectif des pharmaciens est de s’assurer que les patients ayant besoin de leur médicament sont en mesure d’y avoir accès. Idéalement, il serait préférable que de nouveaux patients ne soient pas initiés au Ozempic à moins qu’il n’y ait pas d’alternative thérapeutique», a affirmé l’AQPP par courriel. 

 

*Son prénom a été modifié pour préserver son anonymat

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