Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La pédocriminalité commence dans la tête, pas seulement dans l’acte!

Photo stock.adobe.com
Partager
Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2025-05-15T04:00:00Z
Partager

En cette Semaine des victimes et survivants d’actes criminels, parlons de ces pédocriminels en puissance qui s’ignorent.

Ce sont majoritairement des hommes, mais aussi des femmes qui fantasment sur les adolescents.

Certains passent à l’acte en collectionnant des images et des vidéos pédopornographiques. Ils se masturbent dans les toilettes publiques en observant des adolescents ou prennent des photos sous les jupes des écolières. Exhibitionnisme, voyeurisme, et j’en passe.

Quant aux femmes, elles s’imaginent souvent être amoureuses de leur proie.

Les stéréotypes jouent d’ailleurs en leur faveur: on excuse plus facilement leurs gestes. Après tout, un adolescent déborde d’hormones... et quoi de plus flatteur qu’une relation avec une femme d’expérience?

À mes yeux, ces Monsieur et Madame Tout-le-Monde sont des pédocriminels en puissance.

La seule différence, c’est la banalisation de leurs actes et la lecture inégale qu’on en fait selon le genre.

Le harcèlement de rue

Certaines violences sexuelles sont d’une évidence: le viol, la pédopornographie, le leurre d’enfant, le harcèlement sexuel au travail, la sextorsion, etc.

Mais il y en a d’autres, plus discrètes, plus sournoises.

Des violences tout aussi réelles, mais enveloppées d’indifférence, de silence et de banalisation.

Le harcèlement de rue en est un bon exemple.

Des adolescentes sont sifflées, interpellées, photographiées, observées avec insistance, parfois même touchées sans leur consentement dans des lieux publics: le métro, les stations d’autobus, les parcs, etc.

Publicité

Elles n’osent pas réagir ni demander de l’aide. Elles apprennent à se taire, à baisser les yeux, à sortir avec la boule au ventre.

Pendant ce temps, des hommes, souvent dans la trentaine ou la quarantaine, les dévorent du regard, les déshabillent mentalement. Certains franchissent la ligne: un contact furtif, une main déplacée.

Des prédateurs en devenir, qui fantasment sans gêne sur des mineures, sous le regard passif de témoins trop habitués à détourner les yeux.

Ce n’est pas anodin! Ce n’est pas banal! C’est de la violence!

Que faire face à ces pervers?

Les confronter. Dénoncer leurs comportements à voix haute, sans détour. Vous seriez surpris de voir à quelle vitesse ils déguerpissent.

Le problème, c’est que les jeunes n’ont pas toujours les outils pour réagir. Ils ne devraient pas avoir à se défendre seuls.

Il est plus que temps de reconnaître le harcèlement de rue pour ce qu’il est: un crime.

Les victimes et les survivants d’actes criminels

En un mot... ces jeunes décrivent un basculement où ils ont ressenti au plus profond d’eux une blessure importante dans leur âme.

Une blessure si profonde qu’ils ne savent plus comment vivre.

Un basculement en enfer, un emprisonnement à perpétuité dans les méandres d’une noirceur où s’entrecroisent la peur, l’anxiété, le dégoût de soi, l’impuissance et la colère.

Une colère si intense qu’elle empêche la force de la vie d’exister.

En d’autres mots, les violences sexuelles, qu’elles soient commises en ligne ou dans le monde réel, ont des impacts majeurs sur l’adulte en devenir, et cela, jusqu’à son dernier souffle.

Ramasser les pots cassés demande énormément d’énergie et de temps. La guérison, si elle est possible, devient un parcours du combattant.

Alors, avant de sexualiser un adolescent ou une adolescente, pensez à votre propre enfant!

Publicité
Publicité