La pêche au homard débute samedi en Gaspésie

Vincent Desbiens
Après deux années «extraordinaires», les pêcheurs de homards de la Gaspésie devraient connaître le même genre de succès au cours des 70 prochains jours, si mère Nature le veut bien. Les amateurs de crustacés pourront donc en trouver à bon prix chez les détaillants.
Contrairement à ce qui se passe dans l’industrie du crabe des neiges, le prix abordable du homard dans les supermarchés ne devrait pas être dommageable pour ceux qui le ramènent au port.
«On sait que des pêcheurs de crabes sont sortis pour dire que ce serait impossible d’être rentables avec le prix à la livre du marché, mais ça ne devrait pas être le cas pour nous», rassure le porte-parole du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG), Jean Côté.

D’après lui, les stocks de homards surgelés sont très bas, voire inexistants, après «une saison compliquée en Nouvelle-Écosse» et les produits frais du Québec pourront rapidement prendre la place qui leur revient chez les détaillants.
«C’est difficile de dire à l’avance si ce sera bon, parce qu’on est en période d’inflation. L’an dernier dans le même genre de contexte, le prix au débarquement était à 7,92$ la livre. C’était un peu plus bas que pendant l’année record de 2021, mais c’est très bon. Bon an, mal an, il y aura du homard à bon prix pour la clientèle.»
Âge d’or
En 2021, les captures de homards ont atteint un niveau record en Gaspésie, totalisant 3867 tonnes. L’an dernier, ce sont 3802 tonnes qui ont été pêchées sur la pointe de la péninsule.
«On a battu le record en 2021 et on est passé très près d’égaliser cette marque-là la saison dernière. La ressource est bien présente et on peut s’attendre au même genre de résultats à la fin de la saison», constate M. Côté.

Population en santé
Selon le porte-parole du RPPSG, les efforts de réduction de la pêche faits par les homardiers des zones 19, 20 et 21 de la pointe Gaspésienne au cours des 20 dernières années font toute la différence pour la population de crustacés.
«C’était une décision difficile de réduire le nombre de permis et de raccourcir la saison, mais c’est payant sur le long terme. Ce n’est pas pour rien que l’industrie est en croissance constante depuis 2012. On prend soin de notre précieuse ressource et il y en a en abondance», fait valoir le biologiste de formation.
- Écoutez l'entrevue avec Jean-Paul Gagné, directeur général de l'Association québécoise de l'industrie de la pêche (AQIP) à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct via QUB radio :
Changements climatiques
Alors que la planète souffre de plus en plus des bouleversements climatiques, le homard, lui, «semble en bénéficier» d’après les évaluations scientifiques récentes de l’espèce le long de la côte gaspésienne.
«L’eau est un peu plus chaude, mais pas trop et ça crée visiblement les conditions idéales pour la reproduction. La répartition sur le territoire change aussi. On en trouve de plus en plus vers le nord», poursuit Jean Côté.
Comme les pêcheurs de homards sont à la merci de la météo, les changements climatiques et leurs intempéries ont aussi un impact grandissant sur l’industrie.
«Pour l’instant, c’est plus une préoccupation à long terme, mais c’est certain qu’on voit déjà des signes. Les vents sont changeants et surprennent parfois les capitaines d’expérience. La météo joue un grand rôle, mais on n’a pas vraiment de contrôle là-dessus», conclut M. Côté.
Le homard gaspésien en bref:
- 3802 tonnes de homard ramenées à quai en 2022
- 50% des homards pêchés sont vendus au Canada, dont 80 à 85% de produits frais au Québec
- Les États-Unis représentent environ 80% des exportations de homard du Québec