La patinoire couverte réfrigérée de Stoneham victime de sa popularité
Le maire dit que c’est « à contrecœur » qu’on refuse l’accès aux non-résidents

Stéphanie Martin et Jean-Luc Lavallée
Pendant qu’à Québec l’opposition s’interroge sur la pertinence d’aménager des patinoires couvertes réfrigérées, la Ville de Stoneham annonce qu’elle devra en refuser l’accès aux citoyens de l’extérieur, parce que la sienne est trop achalandée.
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Se défendant d’être « control freak » et « pas accueillante », la Municipalité de Stoneham-et-Tewkesbury dit n’avoir plus le choix d’agir ainsi, puisque sa patinoire couverte, inaugurée en février dernier, connaît un succès monstre et est victime de sa popularité.
Une preuve de résidence sera exigée pour y avoir accès lors des très populaires plages de hockey les vendredis, samedis et dimanches à compter de vendredi, et ce, « tant que ce sera nécessaire ».
Pour le maire de Stoneham, Sébastien Couture, c’est un beau problème, et la Ville agit ainsi « à contrecœur » afin de préserver l’accès à sa population.
« On pourrait l’ouvrir 24 heures sur 24, et il y aurait du monde ! », s’exclame-t-il.
À voir la popularité de la surface, il incite la Ville de Québec à plonger.
« Je leur recommande d’aller de l’avant. Quand je vois l’achalandage et le plaisir que ça amène à nos citoyens, définitivement c’est quelque chose à faire. C’est gagnant. »
Considérant la popularité de l’équipement, les bienfaits pour l’activité physique et l’utilisation à l’année – l’été, la surface sert à plusieurs autres activités sportives –, c’est un « no-brainer », argue-t-il.
Patiner dehors à l’Halloween

À Stoneham, les sportifs patinaient déjà à l’Halloween cette année et la saison risque de s’étirer jusqu’en avril.
C’est deux à trois mois de plus que pour une patinoire naturelle, tout dépend de la météo. Et la Ville rentabilise son investissement en louant des heures de glace.
Pendant ce temps, à Québec, les sportifs regardent avec dépit leurs patinoires naturelles de quartier et se demandent si elles seront ouvertes dans le temps des Fêtes, puisque dame Nature n’est pas collaborative.
En ce moment, elles sont toutes fermées. Seules les surfaces réfrigérées de la place D’Youville et de l’anneau de glace des Plaines sont accessibles, mais il n’est pas permis d’y jouer au hockey.
Les doutes de l’opposition
Récemment, les partis d’opposition Québec d’abord et Transition Québec doutaient toujours de la pertinence d’investir dans des infrastructures couvertes réfrigérées.
Claude Villeneuve se questionnait sur le nombre de jours gagnés grâce au toit et à la réfrigération.
Il avait affirmé que « s’il faut rénover un centre communautaire ou installer des patinoires couvertes, je vais plus pencher pour le maintien des actifs qu’on a déjà ».
Quant à Jackie Smith, elle estime qu’il s’agit d’un « luxe », dans le contexte où les besoins en matière de logements et d’itinérance sont criants.
Le maire Bruno Marchand, de son côté, veut doter chacun des arrondissements d’une surface réfrigérée couverte pour « allonger la saison ».
Une première du genre sera construite au parc Victoria, avec l’apport de deux millions $ de la Fondation des Canadiens pour l’enfance.
Boischatel a aussi serré la vis aux non-résidents
La Municipalité de Boischatel, qui fait des jaloux avec sa patinoire couverte depuis 2020, a également dû restreindre l’accès aux joueurs de hockey qui venaient d’un peu partout pour profiter de ses installations.
Jean-Luc Lavallée
Le Journal de Québec
« Le problème est majeur. Il y a des vérifications maintenant qui se font à la porte (avec une preuve de résidence) », a indiqué le maire de l’endroit, Benoit Bouchard, en entrevue.
« Il y a des équipes de hockey de l’extérieur qui venaient chez nous pour pratiquer, puis nos jeunes qui allaient là juste pour s’amuser, ils attendaient sur le banc. Il a fallu passer une règle là-dessus. Dans les grosses heures de pointe, nos jeunes vont s’inscrire sur le site de la Ville et peuvent réserver leur plage », a-t-il exposé.
Un succès bœuf, dit le maire
À n’en point douter, la nouvelle infrastructure dotée d’un impressionnant toit en bois attire les foules depuis son inauguration.
Le maire Bouchard avait fait de ce projet de 4 M$ une priorité à son arrivée en poste, en 2017.
« Il y a tout le temps du monde. Nous, on ne pensait pas que ça serait un succès bœuf comme ça. Et imaginez-vous que notre patinoire n’est pas réfrigérée ! Si elle l’était, ça serait encore pire », confie celui qui prendrait encore la même décision si c’était à refaire.
« Avec les saisons qu’on commence à connaître, avec les changements climatiques, toutes les villes vont devoir en avoir une. Si on veut faire bouger les enfants, ça prend des infrastructures de cette qualité-là », plaide-t-il.
Saison prolongée
Même si la glace n’est pas réfrigérée, la toiture permet à la surface d’être à l’abri des intempéries, ce qui permet de prolonger la saison.
« On gagne environ une dizaine de jours au début de la saison et une dizaine à la fin », expose-t-il.
« On a une qualité de glace incroyable et on a une zamboni. Dès qu’il y a une tempête et qu’il finit de neiger, les jeunes sont sur la glace parce qu’il n’y a pas de neige dessus. Dès qu’il y a de la pluie, du verglas ou de la slush, la patinoire reste à peu près intacte. On n’est plus obligés de recommencer la glace deux ou trois fois par hiver comme avant, et c’est là qu’on a un gain notable. »
Le maire n’exclut pas d’installer des tapis refroidissants dans le futur pour prolonger davantage la saison.
Dans la grande région de Québec et ses environs, d’autres municipalités, comme Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans, Neuville, Saint-Gabriel-de-Valcartier ou Saint-Apollinaire, ont inauguré des patinoires couvertes dans les dernières années.
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