La ouananiche présente au Lac-Saint-Jean


Julien Cabana
Si la température peut finir par collaborer, les amateurs de pêche de la ouananiche au Lac-Saint-Jean seront servis à souhait. C’est l’avis de plusieurs spécialistes de l’espèce et du milieu.
« En se basant sur certaines statistiques de l’an passé, on peut s’attendre à une très bonne saison cette année, explique Marc Archer, directeur général de la Corporation de LACtivité pêche Lac-Saint-Jean (CLAP). L’ouverture s’est faite le 15 mai dernier, alors que la température était clémente. Jusqu’à samedi midi, les pêcheurs ont pu pêcher dans des conditions normales. Par la suite, le mauvais temps s’est mis de la partie avec un véritable déluge pour toute la semaine et des conditions de navigation difficiles sur le lac. Les grands vents se sont aussi mis de la partie. »
Malgré ce début de saison difficile, le spécialiste estime que les prises ont été bonnes.
« Si on regarde toutes les photos qui sont parues sur la page de Ouananiche Lac-Saint-Jean, avec en plus la tournée que j’ai faite des principaux coins de pêche, on peut dire que nous avons eu une très bonne ouverture. »
Il faut que dame Nature collabore pour que les choses s’améliorent.
« Dans les faits, nous allons perdre une dizaine de jours en début de saison, la meilleure période pour la pêche de la ouananiche. Avec le beau temps annoncé, nous devrions revenir à la normale. Au moment où je vous parle (21 mai), l’eau du lac n’est pas encore réchauffée. Le doré est même encore sur la fraie. Il semble que le vrai beau temps ne sera pas au rendez-vous avant le début de juin. »
La température de l’eau
Le pourvoyeur très connu au Lac-Saint-Jean, Charles Dufour, abonde dans le même sens.
« J’ai quand même réussi à faire quelques prises avec mes pêcheurs, mais les conditions ont été difficiles. Hier matin (vendredi dernier), les grands vents étaient de la partie. Je devais avertir mes pêcheurs que ce ne serait pas la sortie la plus agréable, mais plusieurs voulaient sortir quand même. Les ouananiches que nous avons capturées étaient toutes belles, en forme et grasses, ce qui signifie que le poisson est en santé. »

Pour lui, la température de l’eau demeure le facteur déterminant pour lancer la saison.
« Nous avons pêché dans de l’eau à 48 degrés, ce qui est loin de la zone de confort qui va faire exploser la pêche. Elle se situe entre 55 et 60 degrés. »
Protéger la ressource
Pour Marc Archer, il n’y a pas de problème avec la ressource.
« Dans notre rapport annuel (CLAP), on peut constater que la ressource était abondante en 2024, une augmentation de 86 % par rapport à 2023. Malgré ces conditions, la pêche n’a pas été à son mieux, confie M. Archer. Encore là, en 2024, les conditions de pêche n’étaient pas favorables. Dans les rivières qui alimentent le lac, il y a eu une montaison très importante. »
En se fiant à toutes ces données, l’expert recommande aux pêcheurs de demeurer optimistes.
« Les pêcheurs peuvent garder espoir, puisque nous vivons présentement une importante remontée de la population, après avoir connu des baisses durant trois ans, ajoute le directeur général de la CLAP. Il est monté tout près de 1300 reproducteurs dans la rivière Mistassini, ce qui est deux fois trop selon nous. L’accès à la ressource alimentaire, qui est l’éperlan, ne sera pas facile pour tous ces saumoneaux qui vont dévaler la rivière, vers le lac, dans trois ou quatre ans. Une autre preuve d’abondance, c’est que les pêcheurs en rivière ont réalisé de très belles récoltes, même si l’eau était très chaude. Il y avait tellement de poissons. »
« Pour toutes ces raisons, je suis très optimiste que les amateurs de pêche vont connaître du succès, aussitôt que la belle température sera de la partie », mentionne M. Archer.
Avant de nous quitter, il a rappelé aux pêcheurs qu’ils doivent laver leurs bateaux avant de les mettre à l’eau. Il y a six stations qui sont à la disposition de pêcheurs. Il faut éviter de contaminer le lac avec des espèces nuisibles.