La nouvelle vie de Dominique Ducharme à Vegas: «J’ai déjà vu pire»


Michel Beaudry
À Summerlin, une très jolie banlieue de l’ouest de Las Vegas, il y a pire endroit pour se refaire une vie.
À deux minutes de l’aréna d’entraînement de ses Golden Knights, Dominique Ducharme poursuit son rêve, sa passion.
Adjoint à Bruce Cassidy depuis plus d’un an, le gars de Joliette est responsable d’une des bonnes attaques de la LNH.
Cette année, en plus, on lui confiera le jeu de puissance. Il habite à moins de 20 minutes de la Strip de Vegas et, avec sa blonde, Carine Paquin, les deux savourent pleinement la vie au Nevada.

«Les bons restos, les joyeux endroits exclusifs, les grands spectacles et le soleil à l’année. J’ai déjà vu pire.»
La direction des Golden Knights veut gagner tout de suite et on prend les moyens. Autant les instructeurs que les joueurs aiment que les dirigeants leur donnent toujours une chance d’aller plus loin.
Cet été, Vegas a échappé Jonathan Marchessault qui a signé pour Nashville, mais on ne perd pas espoir et on développe rapidement.
Et Montréal?
Amertume ou rancœur envers le Canadien de Montréal?
«Non. Le congédiement fait partie intrinsèque de la vie d’un coach de la NHL.» Le gars de Joliette n’a que 51 ans mais il a déjà tout un bagage.
«Oui, ça m’a fait mal, c’est humain. J’aurais aimé parler davantage avec Kent Hughes mais ça ne s’est pas passé comme ça. Quand le gars qui t’a donné le poste de coach se fait mettre dehors, ce n’est jamais une bonne nouvelle. Je me doutais bien de la suite douloureuse après le départ soudain de Marc Bergevin.»
L’an dernier, Dominique a été souper avec Martin St-Louis, son successeur qui avait déjà été son coéquipier à l’Université du Vermont. Encore là, pas de brouillerie. «Oui, il a pris ma job mais c’est ça la business. Si ça n’avait pas été lui, ça aurait été un autre. Je lui ai souhaité bonne chance et c’était sincère.»
Il y a un an, le coach des Golden Knights, Bruce Cassidy, avait une liste de candidats pour embarquer dans son équipe d’instructeurs. Il a choisi Dominique Ducharme parce qu’on lui avait parlé de son expérience. Aussi, Cassidy a dirigé contre lui quand il était à Boston.
Il l’a vu conduire le Canadien jusqu’en finale de la Coupe Stanley. Dominique avait aussi déjà tout gagné dans la LHJMQ avec Halifax en 2016. Donc, neuf ans dans le junior, cinq ans avec le Canadien, Dominique Ducharme a vu neiger et il a du caractère. Il a gagné le poste d’adjoint, nouveau départ.
La famille
Avec son calme habituel, il analyse: «Ce congédiement a même été formateur pour mes enfants. Mon fils Xavier a maintenant 21 ans et il est déjà adjoint à l’instructeur Jean-Philippe Paré à Saint-Jérôme dans le junior AAA. Ma fille Alexanne, 19 ans, est capitaine de l’équipe de flag football de Marie-Victorin. Les deux ont appris d’un seul coup que dans le sport, tout peut arriver et vite à part ça.»
Les deux grands enfants de Dominique étudient et veulent se diriger dans l’administration du sport, une drogue familiale.

«L’an passé, on s’est retrouvé toute la famille à Seattle pour la Classique hivernale, c’était magique. Cette année, notre équipe sera à domicile, à Vegas durant le temps des Fêtes. Les enfants s’en viendront chez nous pendant cette période. Sinon, durant l’année, on se voit quand notre équipe va jouer à Montréal, Ottawa ou même Toronto.»
Les dangers de Vegas
Vegas n’est-elle pas une ville de distraction pour vos joueurs? «Non, pas vraiment. Oui, la vie est trépidante ici mais nous on vit dans ce bassin à l’année. Donc, on sort de façon parcimonieuse et on va en ville surtout pour nos matchs. Sinon, on reste en banlieue dans la tranquillité. Les gars sont des professionnels et ils sont concentrés. Le danger est plus évident pour les équipes qui nous visitent. Eux ne sont ici que pour deux jours et, souvent, ils veulent tout vivre en même temps.»
Carine et Dominique ont aussi à cœur leur fondation, qui, annuellement, vient en aide financièrement à de jeunes étudiants-athlètes dans la région de Joliette. Il y a un mois, on a accueilli 300 joueurs dans un superbe tournoi de golf où se sont en outre retrouvées plus d’une vingtaine de personnalités de la LNH. «C’est beaucoup de travail pour Carine et moi mais on adore ça. La cause est merveilleuse et on le refera tant qu’on pourra.»

Pour Dominique Ducharme, l’épisode derrière le banc du Canadien, tant comme adjoint que lorsqu’il a pris les rênes de l’équipe, fut une expérience extraordinaire. «On a éliminé Toronto, on a sorti Winnipeg, ensuite Vegas et on s’est rendu en finale. Montréal n’avait pas vécu ça depuis 1993. Les gens ont apprécié et moi aussi.» Dominique accepte la critique, mais on ne peut pas lui enlever ce qu’il a réussi. Avouez qu’il ne peut pas n’y avoir que de la chance. N’est-ce pas?
Dominique Ducharme est heureux à Las Vegas et ça se sent. Il affirme que les gens de cette ville unique ont vite adopté leur équipe de hockey et qu’ils sont des partisans fidèles et en or. La formation n’a que 7 ans d’existence et compte déjà une Coupe Stanley.
Vous verrez peut-être Dominique à la télé au dernier jour de l’année 2024, puisque les Golden Knights recevront à Vegas son ancien club, le Canadien de Montréal, le soir du 31 décembre. Inutile de vous ajouter que le gars de Joliette la veut absolument, cette victoire. Ça aussi ça fait partie de la business.