Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

La néophobie alimentaire, un trouble complexe

Photo Adobe Stock
Partager

Samuel Pradier

2022-12-10T11:00:00Z
Partager

La perspective des grands soupers de famille durant le temps des fêtes peut en réjouir beaucoup, mais pour Léa, c’est plutôt un moment difficile à passer. Elle est atteinte de néophobie alimentaire, un trouble du comportement alimentaire méconnu. 

Depuis son enfance, Léa, fin vingtaine, ne mange principalement que des pâtes, des frites et du riz. «Je ne suis pas difficile, c’est juste que les autres aliments, comme les fruits ou les légumes, me font peur. J’ai touché de la viande rouge avec mes mains pour la première fois à l’âge de 20 ans et je n’ai pas du tout aimé ça. En manger ne fait pas non plus partie de mon objectif.»

La néophobie alimentaire est un passage habituel chez les enfants, entre 2 et 6 ans, quand ils ne veulent plus goûter à de nouvelles saveurs, mais dans la grande majorité des cas, ça passe avec le temps. D’autres restent coincés avec ce dégout et cette peur des aliments inconnus.

«Je peux manger sans problème des féculents parce que les goûts sont assez neutres et les textures faciles à mâcher. Je mange des pâtes et du riz, avec du beurre et/ou du cheddar doux, mais aucune autre sauce. Depuis quelques années, j’ai aussi commencé à manger des œufs durs et un peu de poulet, mais je dois quand même me forcer.»

Publicité

Une enfance compliquée

La mère de Léa a mis du temps avant de comprendre la réalité de sa fille. «Elle a essayé par tous les moyens de me faire manger des haricots verts ou du brocoli, mais j’en étais physiquement incapable. Même si j’avais voulu en manger pour lui faire plaisir, ma bouche était crispée et j’étais incapable de l’ouvrir.»

À force d’essais et erreurs, Léa a toutefois découvert qu’elle pouvait de temps en temps ingurgiter des purées de légumes, s’il n’y a pas de morceaux. «J’ai de la difficulté avec les textures, avoue la jeune femme. Avec les légumes frais, ça croque sous la dent, une sensation qui m'est très désagréable. L’idée de croquer un céleri ou de manger une salade me donne des frissons, juste d’en parler.»

Le regard des autres

Plus jeune, Léa a souvent entendu dire qu’elle faisait des crises, qu’elle était juste difficile, mais sa mère a heureusement compris assez rapidement qu’elle avait une phobie plus sévère. «Lorsque ma mère a commencé à introduire des aliments solides, quand j’étais bébé, elle a constaté que j’avais de la difficulté avec certains aliments. Plus tard, elle m’a laissé manger ce que j’aimais, sans trop insister.»

Aujourd’hui, le regard que les autres continuent d’être pesant. «Je passe souvent pour la fille difficile, mais je nomme assez facilement mon trouble alimentaire. Les gens comprennent ensuite que ce n’est pas un caprice, mais un véritable problème.»

_________________________

Peut-on soigner la néophobie alimentaire?

Comme la plupart des Troubles du comportement alimentaire (TCA), la néophobie alimentaire peut être soignée, mais il faut que le patient soit prêt à faire des efforts. Rencontrer une diététicienne pour en apprendre davantage sur les aliments peut être un premier pas. Ensuite, la consultation d’un psychologue s’avère nécessaire pour tenter de régler certains traumatismes. Ensuite, c’est au patient de tenter, pas à pas, de diversifier son alimentation à son rythme. On peut fixer un nouvel aliment par semaine, en petite quantité, en essayant de le cuisiner de différentes manières.

Publicité
Publicité