La musique à l’école dramatiquement malmenée malgré tous ses bienfaits

Émilise Lessard-Therrien
C’était le spectacle de chorale de la grande en fin de semaine. Au début de la session, l’idée de cette prestation de fin d’année la terrorisait, mais après des mois de pratique, elle avait hâte.
Elle a demandé à Mamie de lui faire une belle peignure. Troquer les spectacles de salon pour une vraie scène lui a mis du pétillant dans les yeux. De nature plutôt introvertie, elle a appris que la force du groupe lui donne le courage de braver ses peurs, sa gêne. Être ensemble pour la poursuite d’un but commun.
Toutes ces voix alignées sur la même note. Cette harmonie qui ne sait exister que quand chacun y met du sien. C’est une trame sonore du collectif. Avec ou sans ma fille, ça m’arrache des larmes, chaque fois.
Des Sharpie comme percussions
Il y a de quoi s’inquiéter pour les lieux qui dispensent encore des cours de musique. Le démantèlement de l’école publique FACE à Montréal et la remise en question du programme de musique symphonique à l’école La Camaradière à Québec sont des exemples récents. On dépouille des écoles de leur âme en charcutant leurs locaux de musique bien adaptés.
Ailleurs, ces salles sont aussi réquisitionnées faute d’espace pour les matières «régulières». Forçant les enseignants de musique à trimballer le matériel sur des chariots de classe en classe. Contraignant les élèves à apprendre les percussions avec des crayons plutôt que les bons vieux claves bruyants. Rien pour séduire une relève en enseignement musical.
Quel avenir pour l’éducation musicale?
La musique n’aura jamais la côte des mathématiques dans les yeux des décideurs quand il vient le temps de prioriser. Or, cette discipline a tout du grandiose: un grand facteur d’émancipation individuel, mais aussi un puissant liant social. Elle crée un langage à la fois universel et infiniment identitaire. Que serions-nous sans la musique pour nous raconter, pour nous rassembler?