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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

La mosaïque offensante sera retirée de l’hôtel de ville de Québec

Elle sera masquée d’ici son retrait et son sort sera déterminé dans les prochaines semaines

L’immense mosaïque se trouve dans la salle de réception de l’hôtel de ville, où le maire de Québec reçoit régulièrement des personnalités de tous les horizons. Elle représente le fondateur de Québec, Samuel de Champlain, debout sur un monticule. À ses pieds se trouvent deux Autochtones, dont un chef agenouillé.
L’immense mosaïque se trouve dans la salle de réception de l’hôtel de ville, où le maire de Québec reçoit régulièrement des personnalités de tous les horizons. Elle représente le fondateur de Québec, Samuel de Champlain, debout sur un monticule. À ses pieds se trouvent deux Autochtones, dont un chef agenouillé. Photo Stéphanie Martin
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Photo portrait de Stéphanie  Martin

Stéphanie Martin

2025-06-16T15:00:00Z
2025-06-16T17:48:25Z
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La mosaïque présentant un chef autochtone agenouillé devant Samuel de Champlain sera retirée de la salle de réception de l’hôtel de ville de Québec par respect pour les Premières Nations, a tranché l’administration Marchand.

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«La salle de réception de l’hôtel de ville doit être un lieu accueillant pour tout le monde. C’est pourquoi nous avons décidé de donner suite à la recommandation de la commission. C’est aussi dans l’esprit de l’entente avec la nation wendat. Nous retirerons la mosaïque de la salle de réception dans les prochains mois et d’ici là, elle restera masquée», a fait savoir le maire de Québec, Bruno Marchand, dans une déclaration transmise au Journal.

Le grand chef salue la décision

Un choix salué par le grand chef de la nation wendat, Pierre Picard. «C’est un geste de réconciliation, de respect, et aussi, c’est le reflet d’une époque d’aujourd’hui où l’on est dans un espace qui est donné aux Premières Nations. Un espace beaucoup plus respectueux et égalitaire.»

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Il a souligné qu’on n’est «pas en train de nier l’histoire». «C’est important de se rappeler l’inexactitude de cette mosaïque, mais aussi qu’elle reflète une époque qui est heureusement révolue.»

Quant à ce qu’il adviendra de la mosaïque, son sort sera déterminé dans les prochaines semaines. Le grand chef propose la création d’une œuvre collaborative entre des artistes de Québec et de Wendake pour la remplacer.

Le maire Marchand a suivi la recommandation de la Commission consultative pour une ville inclusive. Le 13 juin, celle-ci lui a transmis l’avis qui a découlé des rencontres du 20 février et du 24 avril, alors que les commissaires se sont penchés sur la question en présence du chef de la nation wendat Carlo Gros-Louis ainsi que du conseiller et membre de l’exécutif responsable du vivre-ensemble, David Weiser.

Esprit de vérité et de réconciliation

«Il est proposé que la mosaïque soit retirée de la salle de réception de l’hôtel de ville de Québec dans un esprit de vérité et réconciliation, par respect pour les membres des communautés autochtones et par souci du respect des principes du vivre-ensemble», écrit le conseiller Weiser dans l’avis que Le Journal a pu consulter.

Les commissaires se sont basés sur le fait que «l’œuvre artistique centrale de la salle de réception peut être perçue comme étant offensante, humiliante et historiquement inexacte, par le fait qu’elle dépeint un chef autochtone qui porte une coiffe des Premières Nations de l’Ouest, en position de soumission».

On note aussi que la salle de réception de l’hôtel de ville doit démontrer que Québec est «accueillante et réellement inclusive pour tous les citoyens et visiteurs».

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Lors d’une conférence de presse à laquelle participait le grand chef de Wendake, Pierre Picard, la mosaïque a été masquée par un grand écran noir.
Lors d’une conférence de presse à laquelle participait le grand chef de Wendake, Pierre Picard, la mosaïque a été masquée par un grand écran noir. Photo STÉPHANIE MARTIN

En parallèle, la Ville de Québec et la nation wendat se sont entendues sur un accord-cadre, soit un «engagement mutuel à poursuivre une relation durable et privilégiée fondée sur la reconnaissance, l’amitié [...] et le respect mutuel». Il sera entériné par le conseil municipal mardi.

Inexactitude

La mosaïque, réalisée vers 1950 par Walter Del Mistro, visait à représenter la fondation de Québec, en 1608. Elle montre le fondateur de Québec, Samuel de Champlain, debout sur un monticule. À ses pieds se trouvent deux Autochtones, dont un chef agenouillé. Elle avait été jugée historiquement inexacte par des experts consultés par Le Journal.

Ce qu’ils ont dit

«Ce type de représentation coloniale déformant la réalité et les faits historiques n’a pas sa place à l’hôtel de ville. Cacher une œuvre en présence de dignitaires autochtones et la découvrir dès qu’ils repartent me semblait très hypocrite. Je l’ai dénoncée et maintenant je suis satisfaite que cette erreur soit corrigée. Je propose maintenant qu’on mandate des artistes pour la remplacer par une œuvre plus fidèle à l’histoire de la fondation de Québec.»

– Jackie Smith, conseillère municipale de Limoilou

«Le retrait annoncé de la mosaïque de Walter Del Mistro à l’hôtel de ville, sous prétexte d’inclusion, illustre un réflexe malheureux: celui de camoufler le passé plutôt que de l’expliquer. Ce geste ressemble davantage à une opération d’image qu’à une véritable volonté de réconciliation. C’est du wokisme d’apparat: on maquille le décor, mais on laisse les inégalités bien en place.»

– Stevens Mélançon, chef d’Équipe Priorité Québec

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