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L'article provient de Bureau d'enquête

La ministre de l'habitation, France-Élaine Duranceau, a acheté sa première maison 770 000 $ sans hypothèque

Elle avait suggéré aux locataires insatisfaits d'investir dans l'immobilier

La ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, a acheté cette maison de l'Île-des-Soeurs en 2006 avec son conjoint.
La ministre de l'Habitation, France-Élaine Duranceau, a acheté cette maison de l'Île-des-Soeurs en 2006 avec son conjoint. YouTube ENGEL & VÖLKERS
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Annabelle Blais, Dominique Cambron-Goulet, Pascal Dugas Bourdon et Philippe Langlois

2023-06-27T04:00:00Z
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La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, qui a suggéré aux locataires insatisfaits d’investir dans l'immobilier, a accédé à la propriété par la grande porte. Elle a acheté sa première maison à 770 000$ en 2006, sans hypothèque.

• À lire aussi: Crise du logement: les ministres du gouvernement Legault possèdent en moyenne 1,6 M$ en immobilier

Elle et son conjoint, tous deux fiscalistes, sont passés de locataires d’un appartement au Vieux-Montréal à propriétaires d’une résidence cossue à L’Île-des-Sœurs.  

Pendant une quinzaine d’années, le couple a utilisé sa résidence de L’Île-des-Sœurs comme levier financier et a investi dans d’autres propriétés, avant de la vendre en mai 2022, pour 2,4M$. 

En 2006, le prix moyen d’une maison neuve dans la grande région de Montréal était de 298 000$. Aujourd’hui, le prix moyen est de 593 000$.  

«Si quelqu’un achète une maison à [770 000$] comptant en 2006, et même aujourd’hui en fait, c’est qu’elle vient d’un milieu qui a beaucoup d’argent ou a épargné énormément d’argent. C’est presque impossible», souligne le conseiller financier et président de Gestion de patrimoine ASF, Michel-Olivier Marcoux. 

La maison de Mme Duranceau, juste avant d'être vendue pour 2,4 M$ en 2022.
La maison de Mme Duranceau, juste avant d'être vendue pour 2,4 M$ en 2022. YouTube ENGEL & VÖLKERS

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Loin de la classe moyenne 

Selon le professeur à l’école d’Urbanisme de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Meloche, l’expérience de la ministre est inhabituelle pour de premiers acheteurs.  

«On s’entend que ce n’est pas le commun des mortels qui peut se payer ça. Avoir 770 000$ dormant dans un compte en banque, ce n’est pas du tout ce que la classe moyenne est capable de faire», affirme M. Meloche.  

Au moment de son achat, France-Élaine Duranceau avait 31 ans et était directrice senior des taxes chez Transcontinental.  

«Ces informations relèvent de la vie privée de madame Duranceau. Il n’y aura pas de commentaires à cet égard», nous a répondu son attaché de presse, Philippe Couture, questionné sur cette transaction.  

«Tu ne peux pas utiliser un droit qui n'est pas le tien, de céder un bail à quelqu'un d'autre, à des termes que tu décides quand ce n'est pas ton immeuble. Le locataire qui veut faire ça, ben il faut qu'il investisse en immobilier et qu’il prenne les risques qui vont avec.» — France-Élaine Duranceau en entrevue à Noovo, le 12 juin

Peu fréquent 

Acquérir une propriété sans hypothèque est un fait plutôt rare, estime Michel-Olivier Marcoux. 

«C’est une minorité de gens qui peuvent se le permettre. Ce n’est pas quelque chose qui arrive régulièrement. Parmi les premiers acheteurs, ça ne m’est jamais arrivé», dit-il.  

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Selon M. Meloche, «les gens qui n’ont pas besoin de crédit pour accéder à la propriété ont de loin un accès plus favorable».  

«C’est un des problèmes à l’heure actuelle. Ceux qui ont acquis du capital toute leur vie font de la surenchère et compétitionnent avec des jeunes qui n’ont aucun capital accumulé et veulent entrer dans le marché», soutient celui qui est membre de l’Observatoire Ivanhoé Cambridge du développement urbain et immobilier.  

  • Écoutez la rencontre Gagnon-Montpetit avec Karine Gagnon, chroniqueuse politique au JDM et JDQ et aussi directrice adjointe de l'information au Journal de Québec au micro de Marie Montpetit via QUB radio : 

M. Marcoux explique que l’accès à la propriété est devenu si difficile que des jeunes «avec de bons salaires» ont besoin de l’aide de leurs parents pour mettre une mise de fonds suffisante.  

«Depuis 5 ans, j’en vois de plus en plus. 20% d’une propriété à 500 000$, c’est 100 000$. Ce n’est pas facile à accumuler, surtout avec les loyers qui sont quand même chers», rappelle-t-il.  

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