La mère d’un élagueur mort électrocuté ne comprend toujours pas comment son employeur a pu le faire travailler près des fils
La compagnie qui l’a embauché n’était pas autorisée à travailler près du réseau d’Hydro-Québec

Zoé Arcand
Une mauvaise évaluation des risques a causé l’électrocution mortelle d’un élagueur à l’emploi d’une compagnie montréalaise qui n’était pas autorisée à effectuer des travaux près du réseau d’Hydro-Québec, révèle un rapport de la CNESST.
«Mon fils est parti au Canada et a été tué à cause d’une négligence grave. Son employeur a du sang sur les mains», a dénoncé avec émotions Angela Hindley, la mère de Ben Hindley, un élagueur autodidacte décédé en août dernier à Montréal.
C’est notamment une «identification des risques déficiente» qui a causé la mort de l'Australien de 28 ans, indique un rapport de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rendu public récemment.
Tout juste installé à Montréal, Ben Hindley avait été embauché par Safe-T-Tree, une compagnie d’arboristerie de l'arrondissement de LaSalle. Au moment de sa mort, il élaguait un catalpa avec une perche d’aluminium, un matériau conducteur d’électricité. Il s’agit aussi d’une des causes du décès du travailleur, selon l’enquête.

Pas les outils appropriés
Bien que la compagnie ne compte pas parmi celles autorisées par Hydro-Québec à effectuer des travaux près de son réseau, M. Hindley élaguait un arbre situé à moins de trois mètres de fils électriques au moment du drame.
Pourtant, «l’employeur affirme refuser d’effectuer [de tels] travaux, lit-on dans le document. Pour cette raison il ne fournit pas d’outils et d’équipements fabriqués en matériaux isolants à ses travailleurs».
En consultant les enregistrements d’une caméra de surveillance ayant capté la tragédie, les enquêteurs ont constaté que l'équipe de Safe-T-Tree n’a jamais mentionné la présence de fils à moyenne tension.

Celui-ci conclut que «l’employeur ne s’est [...] pas assuré de la mise en œuvre d’un moyen efficace» pour identifier ce danger.
«Ben aurait dû recevoir une formation adéquate. Ce n’est pas croyable», s’attriste toujours Mme Hindley, soulignant que son fils n’avait «aucune qualification».
Bien que l’entreprise remette à ses employés un manuel de procédures de travail sécuritaire, «aucun mécanisme formel de participation des travailleurs à la santé et à la sécurité du travail n’est en place», indique le rapport.
Pas la première fois
La compagnie devrait pourtant être «sensibilisée à ce risque», écrit la CNESST puisqu’il s’agit d’un deuxième employé à décéder dans de telles circonstances. En 2011, un travailleur avait été électrocuté à mort après que son taille-haie soit entré en contact avec une ligne électrique.
Andrew Desrochers, le propriétaire de Safe-T-Tree avait d'ailleurs plaidé coupable de négligence criminelle causant la mort et écopé de 90 jours de prison discontinus.
«J’étais très en colère quand j’ai appris que ça s’était déjà produit par le passé, a commenté la mère endeuillée de Ben Hindley. Je ne comprends pas que cette compagnie opère toujours.»
Contacté par Le Journal, M. Desrochers assure avoir mis en place des mesures pour améliorer la sécurité au travail de ses employés.

Depuis le décès de Ben Hindley, il assure être en contact avec la CNESST et avoir mis sur pause les soumissions impliquant des arbres à proximité de fils électriques, «même à plus de trois mètres».
De son côté, Mme Hindley espère que les autorités encadreront davantage le métier d’élagueur.
«Je ne veux pas que quelqu’un d’autre perde un être cher à cause de la cupidité, de la négligence et de l’incompétence. Quoi qu’il arrive, Ben ne reviendra pas et j’ai été condamnée à vie».
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