Huy Hao Dao: La mémoire d’un médecin honorée
Plusieurs étudiants voyaient le professeur-chercheur comme un mentor et un excellent vulgarisateur


Nora T. Lamontagne
Un médecin mort de la COVID-19 au Québec était si apprécié que ses pairs ont créé en son nom un prix universitaire qui reflète son souci pour la santé des plus vulnérables.
• À lire aussi: 18 vies sacrifiées en combattant la COVID
« Hao, c’est l’un des premiers qui s’est porté volontaire pour travailler la fin de semaine. Il voulait aider ses collègues, il sentait que c’était là qu’il était le plus utile », se remémore avec émotion Andréanne Roy, collègue et amie proche du Dr Huy Hao Dao.
Médecin à la Direction de santé publique de la Montérégie (DSPM), il a perdu la vie le 15 avril dernier, alors qu’il avait réalisé des enquêtes épidémiologiques peu de temps auparavant.
Âgé de 44 ans, il ne pratiquait pas en milieu de soins, mais aurait contracté la COVID au travail, comme une dizaine d’employés de la DSPM, lors d’une éclosion au début du mois d’avril 2020.
Son décès tragique et soudain a durement ébranlé la petite équipe.
« Au début, on pouvait voir la pandémie comme un défi professionnel. [Sa mort] a changé ça pour moi », confie la Dre Roy.
Le Dr Huy Hao Dao avait immigré du Vietnam au Québec avec ses parents dans les années 1980 et habitait à Montréal.

Après des études doctorales en pharmacie, il avait bifurqué vers la médecine, et la santé environnementale plus précisément. Il ne pratiquait sa spécialité que depuis quatre ans.
Le quadragénaire était aussi le père d’une préadolescente qu’il adorait.
« Il était très travaillant, mais il avait les priorités aux bonnes places », souligne la Dre Roy.
Sa famille proche a préféré vivre son deuil en privé.
Spécialisé en toxicomanie
En plus de ses responsabilités à la santé publique, le Dr Dao était professeur--chercheur à l’Université de Sherbrooke, en Estrie, où plusieurs étudiants le considéraient comme un mentor.
« Il avait le don d’être rigoureux, mais aussi excellent vulgarisateur. C’est tout un art d’être les deux », souligne le médecin résident Alexandre Coderre, qui a choisi la santé publique comme spécialité après un stage auprès de lui.
- Écoutez la journaliste Nora Lamontagne ici
Spécialisé en toxicomanie, le Dr Dao avait récemment reçu une subvention fédérale pour étudier le fentanyl, un opioïde beaucoup plus puissant que l’héroïne.
À son décès, ses collègues ont naturellement suggéré de créer un prix en son honneur avec les fonds de recherche restants et de solliciter des dons pour qu’il devienne annuel.
Un legs à son image
La description du prix Huy Hao Dao rappelle « le scientifique passionné » et sensible aux besoins en santé publique des personnes en situation de précarité qu’il était.
« Mais ce n’est pas juste son nom. Les critères sont liés à sa personnalité », fait remarquer le Dr David-Martin Milot, un collègue et grand ami du défunt.
Dès le mois de juin, un étudiant aux cycles supérieurs en santé communautaire de l’Université de Sherbrooke recevra donc 1500 $ pour récompenser son projet de recherche au service des groupes vulnérables.
« Chaque année, une nouvelle personne pourra connaître son histoire. On le garde avec nous un petit peu plus longtemps », se console Marie Claude Ouimet, une professeure du département impliquée dans la création du prix.