La mauvaise campagne de la CAQ

Joseph Facal
À onze jours du vote, deux petits mouvements sont perceptibles dans les intentions de vote.
Le premier est la légère remontée du PQ, confirmée de sondage en sondage, attribuable à la remarquable campagne menée par son chef et à la crainte de sa disparition.
Le second est le glissement de la CAQ, modeste lui aussi. Rien pour paniquer, mais indéniable.
Message
Je ne suis pas le premier à le dire : le premier ministre ne fait pas une bonne campagne.
Il semble bourru, grognon, passe son temps à recadrer son propos de la veille, et son obstination à vouloir construire un tunnel pharaonique sans éclairage scientifique défie le bon sens.
Mais il n’y a pas que l’humeur du premier ministre qui explique les ratés de la campagne caquiste.
Je dis ceci aussi gentiment que possible : la majorité des électeurs a de très faibles connaissances politiques.
Vous devez donc leur donner une raison simple, claire, positive et convaincante de voter pour vous.
- Écoutez l'édito de Joseph Facal à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h 30 via QUB radio :
Une seule.
La CAQ n’y parvient pas.
Jusqu’ici, la CAQ donne deux raisons de voter pour elle.
D’abord, elle dit : les autres partis sont pires que nous et on ne peut leur faire confiance pour gouverner.
Le problème est que, comme les électeurs savent que la victoire de la CAQ est assurée, ils peuvent se faire plaisir et voter selon leur cœur.
Ensuite, elle dit : nous avons tenu le fort de notre mieux pendant une période difficile.
Le problème est que les gens ne votent guère en fonction du passé.
Pour être plus précis, ils votent en fonction du passé s’ils veulent vous punir.
Mais s’ils sont globalement satisfaits, c’est de l’acquis. La gratitude n’existe pas en politique.
Il faut donc dire ce que vous ferez dans le futur, dessiner où vous voulez aller.
La CAQ n’a rien dit de convaincant à ce sujet.
On attend toujours qu’elle explique le sens profond qu’elle veut donner à son deuxième mandat.
Le réalisant, François Legault tente de ramener les projecteurs sur l’économie en invoquant l’inflation et les taux d’intérêt.
Le problème est qu’il n’y a pas grand-chose qu’un gouvernement provincial puisse y faire.
Un autre problème est qu’il n’a pas tellement d’autres thèmes pour mobiliser.
L’éducation ? Les enfants ne votent pas et trop de parents s’en foutent.
L’immigration ? M. Legault s’enfarge chaque fois qu’il soulève le sujet.
De nouveaux pouvoirs pour le Québec ? La CAQ fait de plus en plus penser au PLQ là-dessus : on ne demande rien parce qu’on sait qu’on n’aura rien.
Difficile
La CAQ a certes tenté de transformer la campagne en lutte à deux : c’est nous ou QS.
Ça ne marche pas non plus, car trop de Québécois ne peuvent tout simplement pas imaginer QS, qui stagne dans les sondages, comme un possible gouvernement en attente.
La CAQ risque donc de se traîner jusqu’à la ligne d’arrivée et d’avoir une victoire moins éclatante que souhaité.
Et cela dessine un second mandat difficile.