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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La malédiction des rentrées parlementaires

Photo d'archives, Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2025-09-08T04:00:00Z
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Il y a des gouvernements qui maîtrisent l’art de lancer leur rentrée parlementaire sur les chapeaux de roues. Et il y a la CAQ, qui semble avoir développé un talent particulier pour saboter la sienne. Deux années consécutives, deux scénarios aux allures de déjà-vu: malaise, départs, frustrations et divisions.

Automne 2024. François Legault s’apprête à amorcer une session décisive avec un projet de loi majeur sur Hydro-Québec, piloté par son «super ministre» Pierre Fitzgibbon. Problème: Fitzgibbon songe à quitter. Plutôt que de patienter, Legault précipite son départ, juste avant le caucus présessionnel de Rimouski. Le gouvernement perd, en un instant, son pilier économique. Comme si ce n’était pas assez, le député Youri Chassin profite du caucus pour régler ses comptes: il dénonce la lenteur des réformes en santé et l’indiscipline budgétaire. Quelques jours plus tard, il claque la porte du caucus. Résultat: une rentrée qui vire à la catastrophe.

Déjà vu

Automne 2025. Même décor, mêmes fissures. Cette fois, c’est Andrée Laforest, ministre respectée et expérimentée, qui démissionne pour briguer un autre poste. Au même moment, Pierre Dufour exprime publiquement ses frustrations: sa région est ignorée, lui-même est relégué dans l’ombre.

Réplique du premier ministre: exclusion du caucus. Une nouvelle fois, la rentrée de la CAQ se déroule sous le signe de la discorde et de l’amertume.

Plus qu’un mauvais karma

Toujours le même schéma: au lieu de commencer fort, le gouvernement s’enlise dans ses propres bourbiers. Est-ce de la malchance? Peut-être. Mais il y a fort à parier que la CAQ se met elle-même en position de rater ses rentrées: gestion improvisée des départs, manque d’écoute des frustrations internes, incapacité à garder ses troupes rassemblées.

À force de revivre ce cauchemar en boucle, on se demande si, pour la CAQ, septembre n’est pas devenu synonyme de poisse politique. Une chose est sûre: la rentrée parlementaire, censée être le moment de relancer la machine, est devenue, pour François Legault, le miroir cruel des fragilités de son gouvernement.

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