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L'article provient de Le Journal de Montréal

La maison de ses rêves devient un gouffre financier

Photo d'archives, Agence QMI
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Emmanuelle Gril

2022-04-28T04:00:00Z
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Âgée de 45 ans, Sandra est mère monoparentale de deux enfants. Après une séparation difficile, elle s’est endettée pour se réinstaller en appartement. Représentante en produits cosmétiques, elle travaille sur la route et réussit tant bien que mal à garder la tête hors de l’eau.

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Quand la Covid-19 a frappé le Québec, l’employeur de Sandra a demandé à ses représentantes de rencontrer leurs clients par visio-conférence. Alors que ses enfants étaient eux aussi confinés à la maison et faisaient l’école à distance, Sandra a dû s’équiper et acheter du matériel informatique et du mobilier de bureau. Ne disposant pas d’économies, elle a utilisé ses cartes de crédit.

Au début de l’été 2021, elle s’offre des vacances en famille dans un chalet loué dans le Bas-Saint-Laurent, à crédit encore une fois. Séduite par la région, elle décide de s’y installer définitivement et de quitter la grande ville.

Elle jette son dévolu sur une belle maison de campagne et fait une offre de 260 000 $, sans inspection ni garantie légale, afin de rendre sa proposition plus attrayante aux yeux du vendeur. Ce dernier accepte et Sandra procède à l’acquisition grâce à un prêt de 200 000 $ de son institution financière et en encaissant tous ses CELI (25 000 $). Elle s’entend avec le vendeur pour un solde du prix de vente de 35 000 $ garanti par une hypothèque de second rang. Dès la fin de l’été, elle déménage dans sa nouvelle demeure. Ce qui semble être le début d’une belle aventure va malheureusement vite tourner au cauchemar...  

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Une pluie de malchances

Dès le mois de septembre, la série noire commence. Elle doit changer son chauffe-eau puis engager des travaux pour un problème d’infiltration d’eau dans son sous-sol. Pour payer ces derniers, elle a recours à un prêt de 15 000 $ à 19 % d’intérêt consenti par une société de crédit.

En octobre, autre coup dur : son employeur décide de supprimer plusieurs postes de représentantes, dont le sien. Elle se retrouve donc au chômage et subit une forte baisse de revenus malgré l’assurance-emploi.

Tout au long de l’hiver, elle doit payer des frais d’électricité et de chauffage très élevés et doit effectuer plusieurs réparations à la plomberie. La cerise sur le gâteau : au printemps, un muret de soutien sur son terrain s’écroule.

Cette fois-ci, la coupe est pleine. N’ayant plus aucune économie, ne pouvant compter que sur l’assurance-emploi et les allocations pour enfants, elle est incapable de faire face à toutes ses obligations financières. En plus du remboursement de son hypothèque, elle doit également rembourser ses cartes de crédit et autres prêts qui totalisent 95 000 $. Ne sachant comment se tirer de ce mauvais pas, elle consulte un syndic autorisé en insolvabilité.

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Repartir à zéro

Stéphane Gauvin, associé, groupe redressement et insolvabilité chez Raymond Chabot, constate rapidement que la situation de Sandra est intenable. « Elle a perdu son emploi, n’a aucune épargne et est très endettée. Ses dettes ont également un fort taux d’intérêt et elle ne parviendra pas à en venir à bout », explique-t-il. Celles-ci, incluant l’hypothèque, s’élèvent en effet à 343 000 $.

Qui plus est, la valeur réelle de sa propriété, compte tenu de toutes les problématiques constatées, n’est plus que de 175 000 $, soit bien moins que ce qu’elle doit encore verser à ses créanciers hypothécaires.

« Considérant tous ces facteurs, la meilleure solution pour Sandra est la faillite. Elle a donc rendu la maison à son institution financière, mais elle a pu conserver sa voiture en versant au syndic un montant à titre compensatoire de 3600 $, soit 400 $ pendant neuf mois », dit Stéphane Gauvin.

Elle s’est libérée de toutes ses dettes et a pu repartir du bon pied. Son dossier de crédit sera lourdement affecté durant les six prochaines années, mais, au moins, Sandra a pu retrouver le sommeil.

SA SITUATION FINANCIÈRE  

Maison : 175 000 $

Automobile 2016 (financée) : 3500 $

Dettes de consommation :  

  • Hypothèque de premier rang (institution financière) : 200 000 $  
  • Hypothèque de second rang : 35 000 $  
  • Cartes de crédit (quatre) à 19,99 % d’intérêt : 80 000 $  
  • Prêt société de crédit à 19 % d’intérêt : 15 000 $  
  • Droits de mutation : 2335 $  
  • Électricité et chauffage : 1750 $  
  • Déménagement : 5500 $  
  • Impôts encore dus : 3500 $   

TOTAL DES DETTES : 343 085 $

Revenus mensuels :  

  • Revenus d’emploi : 2000 $  
  • Allocation famille et allocation canadienne pour enfants : 430 $   

TOTAL DES REVENUS : 2430 $

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