La leçon du dernier quart de siècle


Mathieu Bock-Côté
Depuis une semaine, Israël multiplie les frappes contre l’Iran et cherche à entraîner les Américains dans cette entreprise, dont ils se tiennent pour l’instant à petite distance.
L’objectif déclaré est plus qu’intelligible: l’Iran serait au seuil de l’arme atomique. Israël ne peut le tolérer, dans la mesure où la République islamique n’a jamais caché son désir de l’anéantir.
On comprend Israël de juger que son intérêt vital est en question et de vouloir réduire à zéro la capacité nucléaire militaire de l’Iran.
Histoire
Mais la rhétorique israélienne, et plus encore, des alliés d’Israël, semble vouloir doubler cet objectif d’un autre, moins évident.
Ces frappes, conjuguées à la volonté explicite de décapiter les dirigeants du pays, ne sont pas sans faire penser aux entreprises de changement de régime qui se sont multipliées au cours du dernier quart de siècle.
Ces entreprises ont souvent viré à la catastrophe.
Les États-Unis, en 2001, ont frappé l’Afghanistan. C’était une réplique légitime aux attentats du 11 Septembre. Ils se sont toutefois égarés en s’imaginant transformer ce pays en démocratie comme une autre.
Le tout a viré à la catastrophe et en 2021, les talibans reprenaient le pouvoir. On n’impose pas la démocratie avec des troupes au sol.
Même chose en Irak en 2003. Les Américains ont envahi l’Irak et voulu transformer ce pays en laboratoire démocratique au Moyen-Orient. L’entreprise a viré au cauchemar et libéré les forces de l’islamisme dans la région.
Catastrophe
Dernier exemple: le renversement du régime de Kadhafi en 2011. On s’imaginait encore transformer le pays en démocratie. Sottise. On a en fait créé un chaos favorisant ensuite le tsunami migratoire qui a déferlé sur l’Europe.
Comprenons-nous bien. Le régime des mollahs est absolument atroce. Mais nous devrions avoir appris une chose: il ne suffit pas de vouloir vertueusement améliorer une situation pour qu’elle s’améliore.
Au pire peut succéder l’encore pire.