La leçon de Carney, l’ouverture de Trump?

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Le premier ministre Mark Carney est revenu bredouille de Washington, mais sa leçon d’économie offerte à Donald Trump ne serait pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
«Les économies canadienne et américaine sont très intégrées, et j’ai fait une petite leçon pour monsieur le président des États-Unis, hier», a-t-il lancé à la période des questions à Ottawa, lorsque pressé par Pierre Poilievre.
La visite de Mark Carney dans le Bureau ovale a été reçue de manière abrupte par ses adversaires politiques qui l’accusent de laisser tomber les Canadiens.
Toutes ces flatteries pour quoi, au fond?
Patience, encore...
La bonne entente démontrée par Trump et Carney à Washington, mardi, n’a pas suffi à lui donner un peu de corde auprès des conservateurs et des bloquistes.
C’est évidemment de bonne guerre, comme les libéraux ont été réélus sous la promesse de livrer une entente avec la Maison-Blanche.
À l’inverse, les libéraux ont réservé un accueil triomphal à leur chef qui était de retour au Parlement.
Savent-ils quelque chose que nous ignorons?
Les tapes dans le dos du président sont-elles le prélude de quelque chose?
Mark Carney, qui se fait très discret sur la nature des discussions avec les Américains, laisse entendre qu’une entente est à portée de main pour les secteurs de l’acier, de l’aluminium, de l’énergie et de l’automobile.
«Nos équipes négocient actuellement les modalités de ces ententes», a-t-il affirmé.
Patience... encore.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Le Canada, 2e
Le secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, a plus tard remis les pendules à l’heure.
Les États-Unis continueront de dominer le secteur de l’automobile aux dépens du Canada, selon le Toronto Star, qui cite cinq sources présentes à une conférence canado-américaine à Toronto mercredi.
«Les États-Unis sont premiers, et le Canada peut être deuxième. L’assemblage automobile se fera aux États-Unis et le Canada ne peut rien y faire. La question est: que fera le Canada à la place?» a-t-il déclaré, selon les sources du quotidien torontois.
Bon joueur, Lutnick a admis que le Canada peut bien se tirer d’affaire s’il réussit à profiter de la puissance de son voisin.
«Si le Canada joue correctement ses cartes et sa proximité avec les États-Unis, il peut gagner», a-t-il affirmé.
Dans l’univers de Donald Trump, il existerait donc une place à table pour le Canada. Le changement de ton sera-t-il durable?
Mark Carney doit espérer qu’il ne s’agit pas que d’un mirage.