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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

La guerre? P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non

Photo MEGA/WENN
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Photo portrait de Richard Latendresse

Richard Latendresse

2025-06-21T04:00:00Z
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Accrochons-nous, le suspense va se poursuivre pendant encore deux semaines. Le Moyen-Orient est, de nouveau, entraîné dans une spirale de violence, à coups de missiles iraniens et de raids israéliens. Les États-Unis s’apprêtaient à s’engager avec une de ces bombes qui font l’admiration de leurs alliés et la terreur de leurs ennemis. Donald Trump a décidé d’y réfléchir encore un moment.

Ils sont persuadés, Iraniens et Israéliens, d’être dans leur bon droit. L’Iran a vu les États-Unis renverser les dirigeants de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye. Mettez-vous à la place des mollahs: un arsenal de bombes nucléaires (et la menace de les utiliser) les protégerait, tout comme elles garantissent une forme de respect de la Corée du Nord.

Les Israéliens, eux, n’ont jamais cru que la diplomatie pouvait dissiper cette menace existentielle. La Corée du Nord a été tolérée comme un régime voyou doté de bombes nucléaires parce que les nations ont présumé que Kim Jong-un ne s’en servirait pas. Israël prend Téhéran au mot: combien de fois doit-on se faire menacer de destruction totale avant de donner du crédit à l’avertissement?

Ira, ira pas?

Nous savons tous que c’est sérieux, lorsque le président se met à multiplier les rencontres dans la Situation Room de la Maison-Blanche, cette pièce hermétique où les grands dossiers sont discutés et où les décisions les plus graves, notamment celles impliquant une action militaire, sont prises. C’est ce qu’a fait Donald Trump cette semaine avec son Conseil de sécurité nationale.

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Le pays – nous en étions de plus en plus persuadés – allait être placé sur un pied de guerre. Jusqu’à ce que sa secrétaire de presse, jeudi, citant le président, nous annonce qu’avec «une forte probabilité que des négociations aient lieu ou non avec l’Iran dans un avenir rapproché, [le président Trump allait] prendre [sa] décision d’y aller ou non dans les deux prochaines semaines».

Menant sa politique étrangère comme une émission de télé-réalité dont il est, bien sûr, la vedette, Donald Trump a servi une réponse de Normand – des négociations, peut-être/peut-être pas avec l’Iran, bientôt/ou prochainement, et cela, avant de décider d’y aller ou non – s’assurant que nous allions continuer de demander «Que va-t-il faire maintenant?».

«America first» ou deuxième?

Le président américain, sans mauvais jeu de mots, est pris entre deux feux. D’un côté, quelques faucons autour de lui et encore plus au Congrès tentent de le convaincre de bombarder le complexe nucléaire iranien de Fordo, le plus à même de produire des bombes nucléaires dans un laps de temps relativement court. Face à eux, certains de ses plus farouches partisans lui rappellent de plus en plus bruyamment qu’«America First» et «No more wars» veulent exactement dire cela: finies, les guerres sans fin à l’autre bout du monde!

Ces «pacifistes» ont pour eux l’opinion des Américains. De 65% des électeurs démocrates qui s’opposent à un tel engagement en Iran aux 53% des Républicains qui partagent leur avis, ils sont finalement très minoritaires ceux et celles qui souhaitent que les États-Unis plongent une nouvelle fois dans une guerre au Moyen-Orient.

De quel côté le président finira-t-il par pencher? On ne peut surtout pas s’inspirer de ses propos: «Vous ne savez même pas si je vais le faire. Vous ne le savez pas. Je pourrais le faire, je pourrais ne pas le faire. Personne ne sait ce que je vais faire». C’était mercredi, alors qu’il supervisait l’installation de longs mâts de drapeau de chaque côté de la Maison-Blanche. Nous en avons encore pour deux semaines à nous poser la question.

POUR OU CONTRE UN ENGAGEMENT EN IRAN
 

OUI NON NE SAIS PAS
Américains 16 % 60 % 24 %
Démocrates
15 % 65 % 20 %
Républicains 23 % 53 % 24 %

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