La guerre imbécile de Trump


Loïc Tassé
Donald Trump est passé de la parole aux actes. Il est entré en guerre contre le Canada. Une guerre économique.
Cette guerre, dans le meilleur des cas, se veut une position de négociation forte en vue de la négociation du nouvel Accord de libre-échange nord-américain (Accord Canada–États-Unis–Mexique). Au pire, elle constitue une première étape vers un objectif beaucoup plus ambitieux: l’annexion du Canada.
La demande de Trump d’une plus grande surveillance de la frontière canadienne pour stopper l’entrée de fentanyl et d’immigrants illégaux est un prétexte. Le Canada a pris de nouvelles mesures pour mieux surveiller sa frontière. De plus, lorsque Trump se fait interroger sur ce que le Canada pourrait faire pour éviter de nouveaux tarifs, sa réponse est lapidaire: «Rien».
Trump a placé dans le même sac le Canada, le Mexique, deux de ses meilleurs alliés, et son principal rival, la Chine. Parallèlement, des sanctions contre l’Union européenne semblent imminentes. Trump a aussi lancé l’idée de sanctions de 100% contre les BRICS.
Tout ceci est impressionnant sur papier. Mais dans les faits, la puissance économique des États-Unis est beaucoup plus faible qu’auparavant.
Les États-Unis ne comptent plus que pour 16% du commerce mondial. Leur PIB en parité de pouvoir d’achat représente 15% de l’économie mondiale. En 1985, les États-Unis valaient 35% de l’économie mondiale.
Solidarité
Ceci signifie que le Canada, comme les autres pays qui devront affronter des sanctions économiques des États-Unis, a beaucoup plus de choix qu’auparavant pour diversifier son commerce.
Certes, cette diversification prendra un peu de temps. Et bien entendu, dans l’intervalle, des travailleurs perdront leur emploi. La situation sera particulièrement difficile pour les immigrants illégaux et pour les immigrants récents.
Mais le Québec et le Canada pourront compter sur la solidarité de nombreux pays touchés par la folie de Trump.
Lubies libertariennes
Plus encore, les lubies libertariennes de Trump et de sa bande d’ultra-milliardaires avides menacent le système d’alliance des États-Unis.
Les petites et les moyennes puissances ont besoin d’un ordre international relativement régulé, c’est-à-dire qui n’obéit pas uniquement à la loi de la jungle.
Autrement, la chasse sera ouverte pour les très grandes puissances qui chercheront à annexer de nouveaux territoires et à ainsi étendre leur puissance. La Russie de Vladimir Poutine suit cette logique.
Depuis 1945, les États-Unis assuraient un certain équilibre commercial international, parce que cela était dans leur intérêt. Trump s’imagine que tel n’est plus le cas.
Il se trompe. L’affaiblissement des États-Unis provient d’abord de causes internes et non externes.
Chine et Russie ravies
La Chine et la Russie n’en demandaient pas tant. Si Elon Musk et Trump ne sont pas des agents de ces deux pays, à tout le moins, ils agissent comme ce que les services de renseignements appellent des «idiots utiles», c’est-à-dire des gens qui, sans le savoir, travaillent pour les intérêts d’une puissance étrangère.