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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Les «postes de police chinois» du Québec ne seraient pas fermés

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino AFP
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Dominique Lelièvre et Sarah-Maude Lefebvre

2023-04-27T21:07:51Z
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Le ministre fédéral de la Sécurité publique soutient que les deux présumés postes de police chinois au Québec ont cessé leurs activités à la suite de l’intervention de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais les deux établissements jurent qu’il n’en est rien. 

«Le Centre Sino-Québec et le Service à la famille chinoise du grand Montréal n’ont reçu aucune demande de fermeture de la part de la GRC, affirme, dans une déclaration à notre Bureau d’enquête, la directrice des deux établissements, Xixi Li. Nos activités se déroulent normalement.»

Pourtant, le ministre Marco Mendicino a soutenu plus tôt jeudi, devant un comité parlementaire étudiant les allégations d’ingérence étrangère dans les élections fédérales, que «la GRC a pris des mesures décisives pour fermer les soi-disant postes de police».

Questionné par Le Journal, son cabinet a assuré que ces fermetures concernaient tous les établissements clandestins présumés qui étaient sous la loupe de la police fédérale, incluant ceux situés au Québec.

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

Notre Bureau d'enquête a révélé, en mars, les soupçons de la GRC à l’égard du Service à la famille chinoise du grand Montréal, à Montréal, et du Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, à Brossard, ce qui était une première sur le territoire québécois.

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Mme Li, qui dirige ces organismes, soutient qu’elle a «collaboré avec l’enquête» et que, depuis, «il n’y a eu aucune suite et autre communication» avec la GRC.

«Nous déplorons les préjudices causés par la GRC dans leur identification prématurée de nos organismes, les accusations hâtives par les médias, et les jugements erronés par les gouvernements», a-t-elle déclaré.

Intimidation

Qualifiés de «postes de police chinois», ces lieux attirent l’attention des autorités partout dans le monde en raison de leur proximité apparente avec le Parti communiste chinois et des allégations d’intimidation envers des membres de la diaspora chinoise.

Ailleurs au Canada, la GRC s’est notamment penchée sur trois possibles stations dans la région de Toronto et deux à Vancouver. 

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

En comité parlementaire, le ministre Mendicino était talonné de questions par le député conservateur Michael Cooper, qui cherchait à savoir pourquoi «pas un seul diplomate de Pékin» n’a été expulsé du pays ni «aucune» arrestation n’a été réalisée dans la foulée de ces enquêtes.

«Le FBI a procédé à des arrestations, mais pas au Canada», a déploré l’élu albertain, accusant le gouvernement Trudeau d’être «faible» devant la menace posée par Pékin.

«Ce gouvernement a été concret et proactif dans la lutte contre l'ingérence étrangère» et va «continuer d’être vigilant en prenant toutes les actions nécessaires», a martelé Marco Mendicino, soulignant que près de 50 millions $ ont été alloués à la GRC dans le dernier budget. 

Une première aux États-Unis

Aux États-Unis, le FBI a réalisé, la semaine dernière, ce qui serait une première mondiale en arrêtant deux citoyens qui seraient reliés à un poste de police chinois illicite qui opérait dans le sud de Manhattan.

Selon le réseau CBC, ils auraient omis de s’enregistrer à titre d’agents travaillant au nom de la République populaire de Chine, comme requis par la loi américaine.

Un tel mécanisme légal n’existe pas au Canada, mais il est néanmoins à l’étude. Des consultations publiques ont été lancées et se poursuivent jusqu’au 9 mai, afin de doter le pays d’un «registre visant la transparence en matière d’influence étrangère».

— Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre, Bureau parlementaire

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