La génération Z au front: voici pourquoi les jeunes se révoltent partout dans le monde


Gabriel Ouimet
Indonésie, Philippines, Pérou, Népal, Madagascar, Maroc: les jeunes de la génération Z se révoltent contre leurs dirigeants aux quatre coins du globe depuis un peu plus d’un mois. On vous explique ce qui a mis le feu aux poudres dans chacun des pays touchés.
Népal
Le 4 septembre, le gouvernement du Népal a annoncé le blocage de 26 médias sociaux, dont Facebook, WhatsApp, Instagram, YouTube et X.
Quatre jours plus tard, des milliers de jeunes sont descendus dans les rues de Katmandou et des autres grandes villes du pays pour dénoncer cette décision, mais aussi la corruption de la classe politique et les inégalités qui rongent la société.
Plus de 20 personnes sont décédées et des centaines d’autres ont été blessées dans les premières heures des affrontements entre la police et les manifestants.
Nepal has given us the answer and the solution to end Government overreach.
— Mickamious (@MickamiousG) September 28, 2025
The people always have the power. pic.twitter.com/7K3C6bOFnV
Dès le lendemain, le premier ministre Sharma Oli a annoncé sa démission. Les réseaux sociaux sont également redevenus accessibles.
Les manifestants ont malgré tout incendié le Parlement et les domiciles de plusieurs politiciens.
Lors des soulèvements, le mot-clic #NepoKids a aussi pris de l’ampleur. Il fait référence aux enfants de politiciens népalais qui étalent leur richesse sur les réseaux sociaux alors que 20% des 15 à 25 ans sont au chômage dans le pays.
Indonésie
Le 25 août, l’Indonésie a été secouée par des manifestations après que le gouvernement a annoncé que les élus auraient droit à une allocation au logement de 4200$ par mois, ce qui est 10 fois plus que le salaire mensuel minimum à Jakarta, la capitale du pays.
Au départ, les manifestations étaient pacifiques. Les participants dénonçaient le taux de chômage de 16% qui afflige les 15 à 24 ans, la stagnation des salaires et les vagues de licenciements de masse.
Why Indonesia is ripe for a US-led colour revolution.
— S.L. Kanthan (@Kanthan2030) September 1, 2025
There are 44 million Indonesians aged 15-24, and the youth unemployment rate is 16%.
Not surprisingly, college students and young people are leading the protests. pic.twitter.com/lMGeCO6pkb
La situation s’est toutefois envenimée le 28 août, quand un jeune chauffeur de taxi âgé de 21 ans a été tué par un camion blindé de la police à Jakarta.
La scène, qui montrait le camion fonçant intentionnellement dans la foule, a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et a mobilisé les manifestants contre la violence policière.
Philippines
Plus de 200 personnes ont été arrêtées aux Philippines à la fin septembre après que des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour dénoncer la corruption et le gaspillage d’argent public.
Selon le gouvernement philippin, près de 1,85 milliard de dollars ont été perdus en deux ans dans des projets corrompus censés aider la population à se remettre d’inondations.
🇵🇭 Protests have broken out in Manila, the capital of the Philippines.
— DD Geopolitics (@DD_Geopolitics) September 21, 2025
Student groups and other organizations are leading a major anti-corruption march, calling for accountability of officials and better funding for public services. Authorities have deployed around 3,000 police… pic.twitter.com/YYeFsHgjfg
Beaucoup plus d'argent public aurait toutefois été dilapidé dans ces projets, affirme Greenpeace.
Les Philippines subissent en moyenne 20 tempêtes tropicales par an, ce qui les rend extrêmement vulnérables aux inondations.
Pérou
Dans la fin de semaine du 20 et 21 septembre, plusieurs centaines de personnes, majoritairement des jeunes, ont pris les rues de Lima d’assaut pour exprimer leur colère face au gouvernement en place.
Le mouvement, baptisé «Marche de la génération Z», est né sur les réseaux sociaux en réponse à la réforme d’une loi controversée sur les pensions des moins de 40 ans.

La hausse marquée de l'insécurité et la suspension de poursuites judiciaires contre la présidente Dina Boluarte, impliquée dans de nombreux scandales depuis 2022, ont aussi contribué à alimenter la colère populaire.
Madagascar
Madagascar s’est embrasé le 25 septembre dernier lorsque des manifestations pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité ont éclaté dans plusieurs grandes villes du pays.
Sur les réseaux sociaux, les appels à manifester se sont multipliés avec le mot-clic #GenZ et ont transformé les protestations en mouvement de révolte contre les élites et le gouvernement.
Les manifestants exigent notamment la démission du président Andry Rajoelina.

Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine autres blessées lors des soulèvements, selon l'ONU.
Il faut savoir que 75% de la population vit sous le seuil de la pauvreté à Madagascar, selon la Banque Mondiale.
Les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de 65% de la population du pays.
Maroc
Le 27 septembre, les appels à manifester se sont multipliés sur Discord après la mort de huit jeunes femmes admises pour des césariennes dans un hôpital public du pays.
Le mouvement vise à dénoncer la décrépitude des services publics, alors que le gouvernement dépense sans compter pour construire les infrastructures qui serviront à accueillir la Coupe du monde de soccer en 2030.
Morocco is experiencing widespread antigovernment protests that have been ongoing for about a week, primarily led by youth groups such as "Moroccan Youth Voice" and "Gen Z 212."
— orange 🍊 (@orange4u28) October 4, 2025
Demanding reforms in healthcare, education, job opportunities, and an end to corruption. pic.twitter.com/6cqdFcHGdG
Les manifestants, majoritairement des jeunes, dénoncent aussi une réforme qui mettrait fin à la gratuité universitaire.
Des manifestations de grande ampleur sont prévues jeudi, alors que le collectif GenZ 212 exige la démission du gouvernement.