La gauche craque de partout
Des chicanes qui divisent la gauche, il va y en avoir plein d’autres...


Richard Martineau
Connaissez-vous l’intersectionnalité?
C’est un concept selon lequel tous les groupes minoritaires «opprimés» devraient joindre leurs forces dans une lutte commune, car ils ont les mêmes ennemis: le capitalisme, le patriarcat et les Occidentaux blancs qui s’accrochent à leurs privilèges.
Tu combats les mêmes ennemis que moi?
Tu es donc mon ami.
Viens manifester à mes côtés!
Tu brandiras ma pancarte et je brandirai la tienne!
So, so, solidarité!
QUEERS FOR PALESTINE?
Sur papier, c’est bien beau.
Sauf que la vie ne se déroule pas sur papier.
Prenez le Hamas.
Le Hamas a les mêmes ennemis que les gais, les lesbiennes et les trans.
C’est-à-dire les trois cavaliers de l’apocalypse: le capitalisme, le patriarcat et les Occidentaux blancs qui s’accrochent à leurs privilèges.
Sauf que le Hamas — comme tous les extrémistes religieux — n’aime ni les gais, ni les lesbiennes, ni les trans.
En Palestine, le crime de l’homosexualité est passible de 10 ans de prison (source: Arc-en-Ciel International Rainbow).
«Queers for Palestine», ils s’en torchent.
Safia Nolin débarquerait à Gaza qu’ils la jetteraient tout de suite en taule.
Elle n’aurait même pas le temps de scander «fuck les sionistes!», comme elle le fait sur ses médias sociaux.
(En passant, un sioniste est quelqu’un qui est pour l’existence d’Israël. Safia Nolin est donc contre l’existence d’Israël et contre la solution à deux États. Comme le Hamas, elle voudrait que la Palestine s’étende «du fleuve à la mer», du Jourdain à la Méditerranée. Donc, que les Juifs partent. Qu’on se le dise.)
Demander aux gais, aux lesbiennes et aux trans de combattre aux côtés des musulmans rigoristes, c’est comme demander à des gazelles de partager la couche d’un groupe de lions.
C’est utopique.
Ça ne se fait même pas dans les films de Disney.
PAS DANS LE MÊME SAC!
De même, de plus en plus de gais, de lesbiennes et de bisexuels souhaiteraient que les associations LGBT laissent tomber le T (pour trans).
«Le combat pour l’orientation sexuelle n’a rien à faire avec le combat pour l’identité de genre, disent-ils. Ce sont deux affaires complètement différentes. Que les trans mènent leur combat, et nous mèneront le nôtre.»
C’est le point de vue défendu entre autres par LGB Alliance, un groupe de pression britannique fondé en 2019 par deux militantes lesbiennes.
Bref, tout ça pour dire que ce n’est pas vrai que toutes les minorités «opprimées» ont le même programme.
L’humanité est multiple.
Il y a des gais contre le port du voile, des musulmans homophobes, des bisexuels contre les transitions de sexe chez les mineurs, des lesbiennes de droite, des gauchistes qui votent PQ et non QS, des Noirs contre l’avortement, etc.
Essayer de rassembler autant de gens sous une même tente est ridicule.
Vous avez vu les chicanes qu’il y a eu autour de la présence d’une association juive au Défilé de la Fierté?
Des divisions comme ça, il y en aura de plus en plus.
L’intersectionnalité est en train de morceler la gauche.
Car c’est une utopie. Une patente à gosses d’intellectuels.
Les gens se définissent autant par ce qui les sépare que par ce qui les rassemble.