La FTQ-Construction tente de «museler» Le Journal, dénoncent des associations de journalistes
Dans une mise en demeure, le syndicat demande de ne plus écrire sur les dépenses de ses dirigeants

Dominique Cambron-Goulet
La mise en demeure envoyée au Journal par la FTQ-Construction est une tentative de museler les journalistes, jugent des associations de journalistes du pays.
«Je trouve ça vraiment particulier qu’une organisation publique, un syndicat, mette en demeure un média en lui disant d’arrêter de faire son travail», soutient le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Éric-Pierre Champagne.
Il considère que la FTQ-Construction a d’autres moyens pour faire valoir ses critiques si elle en a, comme publier un communiqué, et voit plutôt dans cette mise ne demeure une «tentative de museler les journalistes».
«Je ne savais pas que la FTQ était l’éditeur du Journal de Montréal», ironise le président de l’Association canadienne des journalistes, Brent Jolly.
«Ce n’est pas leur décision de choisir si le travail d’enquête doit se poursuivre à propos d’un sujet qui est clairement d’intérêt public», affirme-t-il.
Imputable
Selon M. Jolly, le fait que la FTQ se considère comme une entreprise privée ne lui retire pas son devoir d’être «imputable envers le public» et ses membres.
«C’est le droit du public à l’information. [Que la compagnie] soit publique ou privée ne fait aucune différence», juge-t-il.
Selon Éric-Pierre Champagne, la mise en demeure de la FTQ-Construction vient malheureusement «s’ajouter aux propos malhabiles de [la présidente de la FTQ] Magali Picard sur les lanceurs d’alerte».
Dans la foulée de nos reportages, Mme Picard s’en est pris aux sources de notre Bureau d’enquête.
«J’ai accès à des informations privilégiées. Je les prends et je les donne à une journaliste. Je me mets à risque. C’est criminel n’importe où, dans n’importe quelle organisation», a-t-elle déclaré sur les ondes du 98,5 FM. Une affirmation qui n’est toutefois pas fondée.