La fraude «grands-parents» propulsée par l’IA touche aussi des jeunes

Amanda Moisan
La fraude «grands-parents» ne s’attaque pas seulement aux personnes âgées. L’intelligence artificielle, utilisée pour recréer la voix d’un membre de sa famille au téléphone afin de soutirer de l’argent, réussit à confondre des personnes de tous âges, y compris une femme de 28 ans qui dénonce avoir été victime du phénomène sur les réseaux sociaux.
«C’était comme si c’était vraiment mon amie, alors j’ai cru que c’était vrai. Ça se fait vite», a lancé Farokh Ha, une Lavalloise qui a été victime d’une fraude de type «grands-parents» le 16 mai dernier.

La jeune femme de 28 ans a reçu un appel d’une personne qui se faisait passer pour son amie. La voix, qui était identique à celle de son amie, mentionnait qu’elle venait d’avoir un accident d’auto et qu’elle avait besoin de 500$.
«Il y avait plein de choses que je trouvais bizarres, alors je me posais des questions, mais sur le coup, parce que tu connais la voix, tu as plus confiance et c’est facile de se faire prendre», a-t-elle affirmé.
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Heureusement, sans s’en rendre compte, elle a évité de se faire frauder 500$.
«Je me disais que si c’était vraiment elle et qu’elle avait besoin d’argent, je vais le faire comme je le fais normalement quand on se doit de l’argent par courriel. Finalement, ce n’était pas elle parce qu’elle m’a appelé tout de suite pour me demander pourquoi je lui transférais de l’argent», a soutenu Farokh.
Elle a dénoncé la situation sur TikTok et elle ne semble pas la seule à avoir été visée.
«J’étais vraiment surprise de voir qu’il y a tellement de monde qui me disait que ça leur était arrivé. Ça m’a juste ouvert les yeux [sur le fait] que même les jeunes peuvent se faire prendre, pas juste les personnes âgées», a conclu la jeune femme.
«C’est comme la fraude du président, ce n’est pas seulement le président qui est fraudé. La terminologie s’applique assez largement, sans dire que c’est un groupe de la société seulement qui est vulnérable», a soulevé Steve Waterhouse, expert en informatique et en cybersécurité.
En hausse d’année en année
La Section des crimes économiques du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme qu’il y a eu 33 dossiers en lien avec la fraude «grands-parents» entre le 1er janvier 2024 et le 15 mai 2024.
En 2023, le SPVM a rapporté 188 cas et 140 en 2022.
À l’échelle de la province, le Centre antifraude du Canada a recensé 163 victimes de fraudes de type «demande urgente d’argent» entre le 1er janvier 2024 et le 31 mars 2024. Les pertes financières ont atteint plus de 957 000$ sur les trois premiers mois de l’année.
En 2023, 1065 Québécois ont été victimes de ce type de fraude, causant des pertes de 11,4 millions $. On comptait 1130 victimes en 2022 et 9,6 millions $ en pertes.
Être vigilant
Les experts recommandent de demeurer vigilant face à ce genre de situation et de mettre en pratique deux méthodes pour valider la crédibilité de la personne au bout du fil.
«Il y a deux façons de faire pour se protéger. La première, c’est de rappeler la personne, alors tu valides que tu appelles la bonne personne. La deuxième, c’est d’avoir un mot-code avec les gens proches de toi, comme ça tu peux challenger la personne. Par exemple: il était de quelle couleur le canot quand on était en campagne la dernière fois?» soutient Steve Waterhouse.

Le Centre antifraude fait d’ailleurs ces mêmes recommandations.