La France dénonce une campagne de désinformation russe sophistiquée

AFP
Près de 80 opérations de désinformation ont été menées entre fin août 2023 et début mars 2025 par «des acteurs russes» ciblant principalement le gouvernement ukrainien et les pays soutenant l’Ukraine, dont la France, ont déterminé les autorités françaises.
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Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a passé au crible cette campagne de désinformation connue sous le nom de «Storm-1516».
«Le débat public européen est pilonné par des campagnes de désinformation, menées par des acteurs russes et relayées notamment par l’extrême droite américaine», a réagi mardi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot dans une déclaration à l’AFP.
«Le mode opératoire Storm-1516, que nous avons mis à jour, a visé les élections législatives anticipées 2024» en France, a-t-il ajouté, exhortant les plates-formes qui sont «au courant» à «agir».
«Chacun doit être vigilant face à ces ingérences numériques étrangères», a-t-il également souligné.
Le mode opératoire est «particulièrement complexe, adaptable et efficace pour diffuser des narratifs anti-Ukrainiens et anti-Occidentaux auprès d’audiences occidentales», souligne Viginum dont le rapport sera publié mercredi matin.
L’organisme estimant que cette campagne représente une «menace importante pour le débat public numérique, à la fois en France et dans l’ensemble des pays européens».
«Le Kremlin continue sa guerre informationnelle vis-à-vis de nous», a dénoncé une source diplomatique. Storm-1516 «constitue une nouvelle preuve de la mauvaise foi» de Moscou et sa «non-volonté d’arrêter l’escalade».
La particularité de Storm-1516 est d’utiliser l’intelligence artificielle pour mettre en scène des individus à visage découvert et le recours à des acteurs amateurs contre rémunération.
Viginum évoque en outre le rôle d’influenceurs Américains pro-MAGA ou d’influenceurs prorusses comme le Français Adrien Bocquet, «ancien militaire français exilé en Russie» pour amplifier la diffusion de fausses informations.
Enfin, «un soin particulier» est accordé au «blanchiment» des contenus via des médias, notamment africains.
La cible principale de Storm-1516 est le gouvernement ukrainien, «probablement dans l’espoir d’entraîner la suspension de l’aide occidentale» à Kyïv, notent les auteurs du rapport de Viginum.
Certaines des fausses informations mentionnées, comme le prétendu rachat par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’un ancien bâtiment nazi en Bavière ou encore d’un hôtel de luxe à Courchevel, ont été vérifiées ces derniers mois par le service d’investigation numérique de l’AFP, dans des articles consultables sur le site AFP Factuel (factuel.afp.com).
Les alliés occidentaux de l’Ukraine, et en particulier la France, sont aussi dans le viseur, relève Viginum, comme l’avait montré un rapport récent de NewsGuard. L’organisation de lutte contre la désinformation avait ainsi déjà attribué à Storm-1516 une vidéo censée montrer un migrant tchadien avouant avoir violé une jeune fille de 12 ans en France ou encore une autre, générée par IA, accusant Brigitte Macron d’agression sexuelle.