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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

La force de Claire Samson

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2021-09-23T08:00:00Z
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J’ai croisé Claire Samson hier près de la porte 6 du parlement. Elle s’apprêtait à s’allumer une clope.

A-t-elle vu la vidéo qui circule, où son nouveau chef, Éric Duhaime, et elle sont parodiés ? « Oui, oui ».

Puis elle raconta avoir répondu à un de ses proches, qui trouvait le sketch « épouvantable » : « Quand Marc Labrèche t’imite, c’est que tu es rendu BIG ! » Seul reproche à l’animateur de Cette année-là (à Télé-Québec) ? « Je ne bois jamais de digestif. [Dans la vidéo, Labrèche-Samson se présente avec ce qui ressemble à une bouteille de Grand Marnier.]

– Que buvez-vous alors ?

– Du vin rouge ! »

Claire décide 

Pour être « big », l’ancienne députée d’arrière-ban caquiste l’est. Aucun doute là-dessus. Et ce sera encore plus vrai aujourd’hui. Car comme députée maintenant indépendante, c’est elle qui décidera si l’Assemblée nationale prendra une ou trois journées pour adopter une loi « encadrant » les manifestations de militants antivaccins autour des écoles (entre autres).

Demain, elle pourrait s’opposer à l’adoption rapide de cette loi. L’électorat du Parti conservateur, opposé, voire sceptique, face aux mesures sanitaires, serait sans doute ravi. Samson forcerait ainsi l’adoption de la loi sous bâillon. Ce qui prendra un peu plus de temps.

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Déroutante 

Que fera-t-elle ? Ses déclarations d’hier étaient (comme son personnage, parfois !) déroutantes.

À travers son masque (qu’elle portait à l’envers et sous le nez), elle m’a certifié qu’elle prendrait d’abord « le temps de lire la loi ». « Je sais lire, vous savez. On ne m’a pas enlevé le cerveau, on m’a opérée au cerveau ! », ironisait-elle sur l’intervention (retrait d’une tumeur à l’hypophyse qui nuisait à sa vision) qu’elle a subie il y a quelques années. Elle souffre aussi d’épilepsie, raison pour laquelle elle a siégé pendant quelques années en compagnie de son caniche royal, Pepper.

Elle insiste : ses positions ne s’apparentent pas à celles du chef du Parti populaire au fédéral, Maxime Bernier : « Je ne suis pas une antivaccin, je suis contre le passeport vaccinal, qui crée des chicanes dans les familles ! »

Captée par TVA nouvelles, sa sortie d’hier rappelait pourtant certaines de Bernier : « Le tsarisme, ça va faire ! » martelait-elle en ajoutant du même souffle : « On est en démocratie ! » Et dans notre conversation pendant sa pause cigarette, cette ancienne cadre de Radio-Canada, TQS et TVA insista. « Je ne suis pas une béni-oui-oui ». En pointant l’Assemblée nationale, elle pestait : « Je suis la seule personne qui a la liberté de parole là-dedans ! »

Pourquoi ? 

Au reste, comme me le soufflait un juriste à l’oreille hier : pourquoi le gouvernement tient-il absolument à utiliser la voie législative pour interdire les manifestations indésirables ? Après tout, il a lui-même renouvelé, le 9 septembre, pour une 77e fois, l’état d’urgence sanitaire. Et cela lui donne des pouvoirs de décréter à peu près n’importe quoi. (On peut en prendre la mesure à l’article 123 de la Loi sur la santé publique.) Est-ce un aveu implicite du gouvernement que la nécessité de l’état d’urgence commence à s’effriter ? La loi rendra-t-elle permanentes les interdictions, comme une loi similaire de 2016 qui prohibait les manifs aux abords des cliniques d’avortement ? Ou alors le gouvernement cherche-t-il surtout à coincer politiquement le Parti conservateur ?

C’est la thèse de Mme Samson, selon qui « c’est tout ce qu’ils font [à CAQ], de la politique, du marketing ». Et le Parti conservateur, lui ?

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