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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La folie de Trump: compte à rebours

Photos Agence QMI, Mario Beauregard et AFP
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Photo portrait de Thomas  Mulcair

Thomas Mulcair

2025-01-30T20:30:00Z
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Samedi, on en saura un peu plus sur ce qui se tramait dans la tête de Donald Trump lorsqu’il a lancé son ultimatum au Canada et au Mexique concernant les frontières, le fentanyl et les tarifs.

Pour reprendre l’expression savoureuse de Mélanie Joly lors de son point de presse à Washington, mercredi soir, nous ne sommes pas dans «l’espace de la tête de Trump». Donc, on doit interpréter les indices et se préparer.

Stratégie classique

Donald Trump s’est vanté de ses stratégies de négociation dans un livre et il utilise les mêmes tactiques depuis des décennies: déstabiliser l’adversaire avec des demandes loufoques et ramasser un bon deal lorsque ce même adversaire est satisfait d’une nouvelle offre, laquelle est alors... un peu moins folle.

Trump a exigé que le Canada s’occupe du problème du fentanyl et de l’immigration illégale à ses frontières, sinon il menace d’imposer des tarifs de 25% sur l’ensemble des exportations canadiennes destinées aux États-Unis.

Rappelons que le Canada est la source de seulement 1% du fentanyl qui arrive aux États-Unis et d’une infime proportion de l’immigration illégale. Mais ce sont là des faits et, comme on l’a appris avec Trump, les faits lui importent peu.

Regardons cette demande de l’autre côté de la lorgnette.

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Armes et gangs de rue

Les États-Unis sont la source de la quasi-totalité des armes illégales qui entrent au Canada et qui se retrouvent entre les mains de gangs criminels ici.

Pensez-y une seconde. Quelle aurait été la réaction de Donald Trump si Justin Trudeau avait fait une menace semblable aux États-Unis? «Si vous ne fermez pas votre frontière avec le Canada pour empêcher l’exportation vers notre pays des armes de poing utilisées par les gangs de rue, on va vous imposer des tarifs de 25% sur toutes vos exportations!»

Une fois que les Américains auraient arrêté de rire, ils auraient sans doute répliqué: «C’est à vous de vous occuper de votre propre frontière. C’est votre problème, pas le nôtre!».

Notre réponse a été tout, sauf ça.

On parle de riposter, mais comme Philippe Couillard l’a rappelé cette semaine, gagner une guerre commerciale contre les États-Unis est mathématiquement impossible.

Alors, il faut être stratégique et rusé.

Réplique calculée

Mélanie Joly démontre actuellement qu’elle maîtrise bien ce dossier. Elle commence toujours en disant qu’il faut, d’abord et avant tout, tenter d’éviter les tarifs. Sage conseil.

Trudeau rencontre régulièrement les premiers ministres des provinces et des territoires et il fera de même samedi. Le Canada peut riposter stratégiquement en faisant très mal à des industries-clés dans des États républicains, mais après?

Lors de son audience de confirmation comme Secrétaire du commerce cette semaine, le très habile Howard Lutnick a subtilement indiqué qu’il était sur la même longueur d’onde que Joly.

Il insistait sur le fait que le Canada et les États-Unis s’entendent depuis 150 ans et il ne voit pas de raison que ça ne puisse pas continuer ainsi. Il a aussi insisté: il faut qu’on dise «oui» à Trump. Samedi, on verra si on va réussir.

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