La fin d’un chapitre pour un réfugié devenu restaurateur à Québec
Après y avoir consacré 26 ans de sa vie, il a fermé son établissement de la rue Saint-Jean


Dominique Lelièvre
La pandémie a marqué la fin d’un long chapitre pour un réfugié devenu restaurateur sur la rue Saint-Jean à Québec, qui a mis la clé dans la porte de son établissement après y avoir consacré 26 années de sa vie.
Délices Saint-Jean 2000
- Ville : Québec
- Années d’existence : 26 ans
- Employés touchés : 2
- Propriétaire : Bunthan Ly
Le café-resto-boulangerie Délices Saint-Jean 2000 était le symbole d’une vie meilleure pour son propriétaire Bunthan Ly, un survivant du génocide cambodgien de la fin des années 70.
Arrivé à Québec avec le statut de réfugié en janvier 1980, sans un sou, ni même de manteau d’hiver à l’âge de 18 ans, M. Ly a été embauché quelques années plus tard dans le petit local de la rue Saint-Jean, avant d’en devenir propriétaire en 1994 malgré des moyens modestes.
Le café-resto était connu dans le quartier pour ses prix accessibles, son ambiance chaleureuse et son menu sans prétention. On y trouvait des viennoiseries, des déjeuners, des sandwichs et des plats simples d’inspiration asiatique et québécoise. Bref, un endroit pour «monsieur, madame Tout-le-Monde», se plaît à dire M. Ly.
Entrepreneur patient et discret, il a bâti et exploité son commerce pendant près de trois décennies, sans compter ses heures, jusqu’à ce que la pandémie et le premier confinement l’incitent à réfléchir sérieusement à son avenir et celui de sa conjointe.
Chute de la clientèle
«On ne savait pas quand la pandémie allait arrêter et il y avait le problème de manque de main-d’œuvre. En plus de ça, on n’a plus 30 ans. Est-ce qu’on a l’énergie de continuer? La question s’est posée. On avait le temps de réfléchir», dit celui qui est maintenant âgé de 60 ans.
«On vivait en partie grâce à la clientèle locale, mais une grosse partie provenait des touristes durant l’été et l’automne. Avec la COVID, il n’y en avait plus. Les revenus étaient en baisse de 70%», relate-t-il.

Or, il était réfractaire à l’idée de recevoir l’aide du gouvernement, disant ne pas avoir l’habitude de dépendre de quiconque.
Après quelques semaines de réflexion, il a décidé de faire un trait sur la restauration, au printemps 2020, pour mieux profiter de la vie.
La décision n’a pas été facile à prendre, car il était très attaché à sa clientèle. «J’ai des clients que j’ai connus enfants qui sont rendus des adultes!» lance-t-il.
Ceci dit, il ne regrette rien, parlant d’une décision «bien réfléchie».