La fausse bonne idée d’un pipeline de François Legault


Philippe Léger
Le premier ministre François Legault ressemble parfois à une feuille de papier ballottant au vent au gré des évènements.
Un jour dépensier, le lendemain chiche. Un jour pro-Poilievre, le lendemain pro-Carney. Un jour inquiet de la survie de la nation québécoise si le Québec n’a pas de nouveaux pouvoirs en immigration, le lendemain cela le dérange moins.
Le dernier virage à 180 degrés? Un pipeline traversant le Québec.
La résurrection du pipeline
En décembre 2018, François Legault qualifiait le pétrole de l’Alberta d’«énergie sale».
L’Alberta criait alors au scandale. Danielle Smith, alors commentatrice dans les médias, traitait le Québec de «sangsue de la confédération».
Mais voilà: François Legault retrouve un enthousiasme pour le brut albertain.
En entrevue au balado Contact de Stéphan Bureau, on le voit ouvrir la porte à un pipeline partant de l’Alberta, traversant le nord du Québec pour finir à Sept-Îles.
Pourquoi ce revirement? L’acceptabilité sociale, dit-il. Et surtout, un tel pipeline nous libérerait de la poigne énergétique de Donald Trump.
C’est faux. Et surtout irréaliste.
D’abord, il n’y a aucun promoteur pour un tel projet.
Et pour cause: Trans Mountain, le dernier pipeline acheté par le gouvernement Trudeau, a coûté plus de 34 milliards pour relier l’Alberta à la Colombie-Britannique.
Imaginez le coût pour un pipeline traversant le Québec.
Sa construction prendrait dix ans, au minimum. Trump ne sera plus président à ce moment. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de pétrole atteindra son pic avant 2030.
La direction du vent
Pourquoi alors notre PM rembarque-t-il dans le train pétrolier dans un tel contexte? Le développement de l’industrie pétrolière albertaine avantage l’Ouest du pays et désavantage des emplois d’ici par la hausse du dollar canadien.
Si cela apaise l’unité canadienne, le Québec n’en retire pas grand-chose.
François Legault devrait penser aux intérêts du Québec en premier, même si le vent dans le reste du Canada se lèvera contre nous.