La famille endeuillée du Montréalais sans histoire mort à Mirabel n’y comprend rien
La police enquête sur une mort suspecte
Zoé Arcand
La mort suspecte d’un jeune de 20 ans sans histoire à Mirabel dans la nuit de samedi à dimanche a pris ses proches complètement par surprise, incitant un avocat à demander du soutien dans la lutte contre la violence armée.
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«On ne s’explique pas du tout ce qui s’est passé. Je ne le réalise même pas», a confié en larmes la mère du défunt, rencontrée dimanche par Le Journal dans le salon d’une voisine, en compagnie du père et d’autres proches.
Les parents du Montréalais ont tenu à témoigner anonymement vu la violence avec laquelle leur fils aurait été tué.
Anass Bouacha, aurait été «criblé de balles» à Mirabel dans la nuit de samedi à dimanche, selon Nazar Saaty, avocat et bénévole à l’Association de la sépulture musulmane, à qui s'est confiée la famille.
Mort suspecte
«Les autorités ne nous ont pas donné d’informations, on ne sait pas si on doit craindre pour notre sécurité», a expliqué le père du défunt, désemparé.
La Sûreté du Québec a seulement indiqué que les circonstances du décès soulevaient «certaines questions» et que les policiers enquêtaient sur une mort suspecte.
«Il allait reconduire un ami», a avancé une proche du défunt.
Anass Bouacha, qui étudiait la gestion de commerce au cégep, n’a aucun antécédent criminel et sa famille assure qu’il n’avait pas de dossier à la Chambre de la jeunesse.
Inconsolables
Dimanche, quelques dizaines de personnes se sont réunies autour de la résidence familiale pour soutenir les parents et les frères endeuillés de M. Bouacha, qui sont complètement sous le choc.
Famille, amis et voisins ont partagé un repas et des souvenirs de celui qui leur a été enlevé trop tôt. Ils dressent le portrait d’un homme généreux, serviable et travaillant.
«Jamais il ne rentrait à la maison sans venir me donner un bisou, a raconté la maman, inconsolable et vêtue de noir. Il répond toujours au téléphone, il est tellement respectueux.»
«Il insistait toujours pour aider ceux qui en avaient besoin», a ajouté son père, qui pouvait toujours compter sur son fils pour rendre service.
Aucun présage
Bref, aux yeux de la famille, rien ne laissait présager une telle mort pour Anass Bouacha. Et ce n’est pas la première fois qu’un jeune de sa communauté décède aux mains de la violence armée sans que ses proches le voient venir, a déploré Me Saaty.
«On saigne rouge comme tout le monde et on veut que nos enfants puissent grandir, s’épanouir et contribuer à la société québécoise», a-t-il insisté, s’attristant du manque d’humanité qu’il dit constater lorsque de tels drames touchent des membres de sa communauté.
«J’appelle à la solidarité et j’appelle à l’aide», a lancé celui qui trouve que les gouvernements n’en font pas assez pour lutter contre la violence armée chez les jeunes et qui condamne le sous-financement des organismes communautaires.
Réitérant une demande effectuée en septembre dernier, il demande le déclenchement d’une enquête publique sur le recrutement des jeunes par les gangs de rue et la violence armée.