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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La FAE contre la loi 21 et la démocratie québécoise, au mépris de sa propre démocratie syndicale

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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2024-06-07T04:00:00Z
2024-06-07T04:10:00Z
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Rassemblons les morceaux éparpillés du casse-tête de la contestation juridique à la Cour suprême de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) contre la loi 21 et la clause dérogatoire.

Morceau un: la contestation de la FAE se fera d’abord à même l’argent de ses membres. Une contestation historique, car la plus coûteuse de son histoire.

Morceau deux: cette participation juridique se fera sans le consentement de ses membres. Elle repose sur la volonté de quelques dirigeants.

Morceau trois: cette contestation survient quelques mois après sa grève générale, où plusieurs profs ont souffert de l’absence de fonds de grève et des petites manigances démocratiques lorsqu’est venu le moment de consulter les membres sur l’entente signée avec le gouvernement.

Morceau quatre: la FAE conteste une loi majoritairement appuyée par les Québécois après quinze ans de débats, démocratiquement votée par un gouvernement élu à deux reprises et constitutionnellement validée.

Morceau cinq: on conteste plus précisément la clause dérogatoire, prévue dans la loi. Une clause qui, aux dernières nouvelles, ne concerne pas vraiment les conditions de travail de ses membres.

Morceau six: cette loi est munie d’une clause «grand-père» pour protéger les professeurs déjà à l’emploi. Ses membres ne sont guère touchés.

Le casse-tête rassemblé, donc: il s’agit là d’une contestation antidémocratique, financée par l’argent des profs, mais décidée par quelques personnes, d’une loi, démocratiquement votée et juridiquement validée, qui ne concerne ni l’exercice de leur profession ni leurs membres actifs. Trouvez le sens là-dedans.

Idiots utiles

Depuis cette annonce, Mélanie Hubert, présidente de la FAE, s’est faite discrète. Bien des profs l’avaient critiquée. Elle est sortie de son mutisme cette semaine en affirmant que les critiques n’étaient «pas constructives», et que la contestation représente «moins de 20$ par syndiqué».

Ah bon.

Si j’étais membre de la FAE, et que mon organisation se transformait en pantin pour des juristes et opposants à la laïcité québécoise, plus intéressés par une clause constitutionnelle que par les professeurs, je me poserais de sérieuses questions sur mon syndicat et ma présidente.

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