La disette des Leafs est «une aberration», nous raconte un journaliste qui suit l’équipe depuis 40 ans
Toronto attend toujours sa première coupe Stanley depuis 1967


Stéphane Cadorette
TORONTO | Avec Auston Matthews, John Tavares, Mitch Marner et William Nylander, les Maple Leafs forment une équipe qui excelle en saison régulière année après année. C’est aussi avec ce même noyau qu’ils s’effondrent en séries.
Mark Zwolinski est un journaliste au Toronto Star depuis plus de 40 ans. Il couvre le club depuis 1998 et a maintes fois vécu les vives déceptions au printemps. Il n’avait que 6 ans lorsque Toronto a goûté à sa dernière coupe Stanley.
«Ça fait réaliser à quel point c’est très, très, très difficile de gagner une coupe Stanley. Pour une ville qui aime autant le hockey et pour une franchise qui met autant d’efforts, c’est une aberration», s’est-il exprimé.
«Ils doivent trouver la façon d’effacer ce narratif. Ça doit leur jouer dans la tête. La confiance vient avec la victoire. Si tu ne gagnes pas, tu te bats pour avoir confiance. Dans ce temps-là, l’autre équipe le sait et sait qu’elle peut te battre», a-t-il continué.

Que les meilleurs se lèvent
Dans les dernières années, les attentes sont immenses avec les vedettes offensives qui sont à maturité.
«Ils ont prouvé qu’ils forment un noyau qui est excellent pour une équipe en saison régulière, mais qu’il en faut plus en séries. Les meilleurs joueurs doivent en donner plus. Cette équipe se classe en séries depuis sept ans en raison de son noyau de trois joueurs, en plus de Tavares depuis 2018. C’est aussi à ce noyau de joueurs que revient la responsabilité des déceptions en séries. Peu importe que l’équipe récolte 100 points, tout ce qui importe dans cette ville, c’est les séries», a expliqué Zwolinski.
Difficile de donner tort au vétéran scribe. Dans les moments les plus critiques, les canons offensifs des Leafs ne sont pas au sommet de leur forme. Même s'il montre une production honnête de 33 points en 39 matchs éliminatoires, il est loin de sa moyenne de 89 points en saison régulière sur 82 matchs.
Le constat est le même avec le franc-tireur Auston Matthews, qui revendique aussi 33 points, dont 17 buts, en 39 matchs. La saison dernière, les Leafs tenaient le Lightning dans les câbles avec la possibilité d'éliminer son rival lors des matchs 6 et 7. Dans ses rencontres cruciales, Matthews n'a récolté qu'une passe au match numéro 6 et un but au match numéro 7.
En 20 matchs éliminatoires avec Toronto, John Tavares montre 14 points, dont sept buts.
Des joueurs conscients
Les mêmes questions sur les insuccès répétés de l’équipe ont beau revenir chaque année à l’aube des séries, les leaders comme John Tavares doivent faire face à l'adversité.
«On comprend, en vivant ici tous les jours et en étant impliqués dans la communauté, à quel point c’est un endroit spécial. On sent les attentes. Quand j’étais avec les Islanders, j’avais le même désir de gagner, mais on réalise à quel point Toronto est une ville spéciale et à quel point gagner ici serait incroyable», a-t-il indiqué après un entraînement.
«Ces occasions sont spéciales et nous le savons. Il faut aussi savoir les apprécier et s’amuser. C’est ce genre de moment auquel nous rêvons depuis que nous sommes petits. Il y a des attentes qui viennent avec cette période de l’année, mais il faut apprécier le fait de compétitionner pour la coupe Stanley», a-t-il rappelé.

Une ville en liesse
Le vétéran défenseur Mark Giordano, originaire de Toronto, assure que les joueurs ne sont pas affectés par les attentes à leur endroit.

«Je ne crois pas que ça joue dans la tête des joueurs. On entend bien sûr toutes les histoires, mais dans le vestiaire, ce n’est pas un sujet de discussion.
«Ce serait complètement fou de gagner, c’est sûr. J’étais ici quand les Raptors ont remporté le championnat de la NBA en 2019 et j’ai vu l’effervescence dans la ville. Je peux à peine m’imaginer ce que ce serait pour nous», a-t-il dit en souriant.