La directrice générale d’Oxfam-Québec remarque l’impact des coupes de Trump dans l’aide humanitaire
Des groupes armés sèment la violence

Zoé Arcand
La directrice générale d’Oxfam-Québec dit avoir constaté avec horreur l’impact des coupes dans l’aide humanitaire internationale de Donald Trump au Congo, où des groupes armés se mènent la guerre dans une violence qui fait souffrir une population sans défense.
«Aidez-moi, s’il vous plaît, pour que je n’aie pas à vendre mon corps pour des services sexuels comme les autres femmes autour de moi.»
C’est ainsi qu’une Congolaise dans la vingtaine a supplié Béatrice Vaugrante, il y a quelques jours, afin d’obtenir de quoi subsister.

La Québécoise visitait les villages près de Goma, une métropole de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Lors de son entrevue avec Le Journal, elle se trouvait à Kinshasa, la capitale, avec son homologue d’Oxfam-USA, Abby Maxman.

Les coupes de Donald
Elles y ont constaté avec stupéfaction les impacts des coupes massives dans l’aide humanitaire de Donald Trump alors que «la population essaye de survivre», souffle la DG d’Oxfam-Québec.
En mars, le président américain a abandonné 83% des programmes de l’agence de développement international USAID. Elle représentait 70% de l’aide humanitaire dans l’est du Congo, une région particulièrement affectée par le conflit, selon Mme Vaugrante.
«C’est arrivé à un moment où la population en avait gravement besoin», déplore-t-elle. Le groupe rebelle M23, en guerre avec le gouvernement et soutenu par le Rwanda voisin, a étendu sa mainmise dans cette région en début d’année.

La violence et la faim
Les rebelles ont forcé les réfugiés à retourner «dans des villages où il n’y a plus rien» à cause de la destruction causée par ce conflit impliquant une multitude de groupes armés, résume la dirigeante d’Oxfam-Québec.
«On ne sait pas quelles autres puissances soutiennent ces groupes, souligne-t-elle. Il y a beaucoup de minerais rares en RDC qui vont dans nos téléphones et nos batteries.»
Dans les villages, elle a rencontré une veuve s’occupant de huit enfants «alors qu’il n’y a plus d’eau, plus de nourriture». «Elle devait travailler dans les champs ou en transportant du matériel pour de maigres sous», se désole Mme Vaugrante.
Viols et kidnappings
Alors que les villageois sans défense sont tués ou kidnappés en pleine nuit par des soldats qui pillent les maisons, «une femme est violée toutes les quatre minutes», a rapporté une agence de l’ONU.
«Ça arrive souvent lorsqu’elles travaillent sur les routes ou dans les champs», indique Béatrice Vaugrante. Même les soldats de l’armée du pays, les FARDC, martyrisent les femmes, notamment lors de viols collectifs, a rapporté l’ONU.
Oxfam se mobilise donc pour acheminer des vivres, des soins et des produits d’hygiène alors que la variole simienne, la malaria et le choléra viennent ajouter aux maux de la population.
Un cessez-le-feu facilité par les États-Unis a été signé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda le 27 juin, mais Béatrice Vaugrante n’observe pas de résultats tangibles pour le moment. Les conflits s’enchaînent depuis trente ans en RDC alors que 6 millions de personnes y ont perdu la vie en raison des violences armées depuis 1998.
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