La désindustrialisation du Canada par Trump


Philippe Léger
La «menace Trump» n’a plus rien de théorique.
Ce n’est plus une menace, c’est dorénavant une réalité.
L’annonce du constructeur automobile Stellantis, ex-Chrysler, de délocaliser une partie de sa production prévue en Ontario vers les États-Unis est l’incarnation même d’un début de scénario catastrophe pour l’industrie canadienne.
Ce qui se profile, c’est l’entrée du Canada dans une période de désindustrialisation. Non pas vers la Chine comme la mondialisation nous y a habitués, mais vers les États-Unis.
Quitter le Canada
La cohérence est souvent étrangère à Trump. Mais s’il y a une idée constante chez lui, une vision du monde précise, c’est sa volonté de réindustrialiser les États-Unis.
La révolution tarifaire de Trump poursuit d’abord cet objectif.
Trump 1 visait d’abord la Chine.
Trump 2 vise tous les pays, y compris ses alliés historiques.
Tout le monde profiterait des États-Unis, selon lui. Son slogan «America First» en est l’incarnation.
De la fin des années 80 jusqu’en 2025, le libre-échangisme canado-américain a permis un marché commun, où les entreprises pouvaient s’établir au nord comme au sud de la frontière. Trump a rompu avec cet ordre économique.
Les tarifs, là pour rester, sont dorénavant un coût supplémentaire pour les entreprises. Combien d’entreprises, comme Stellantis, seront tentées de partir, sous les contraintes de Trump?
Flattage compulsif
La stratégie de Mark Carney consiste à tout faire pour être dans les bonnes grâces de Trump.
Flatterie extrême de l’ego insatiable de Trump, appui à l’international pour les plans de paix à Gaza et en Ukraine, alignement sur des politiques américaines comme des tarifs sur des voitures électriques chinoises, reculs sur des politiques canadiennes, concessions possibles sur des dossiers comme la gestion de l’offre.
Et le résultat? Rien, sauf des «discussions productives» et des voyages à Washington.
On donne aujourd’hui presque tout, un brin de notre souveraineté là, un brin de notre industrie ici, sans obtenir aucune contrepartie... à part de nouveaux tarifs comme ceux sur le bois d’œuvre cette semaine.