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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

La députée caquiste Joëlle Boutin démissionne et retourne dans le secteur privé

Elle fait partie des membres du caucus déçus de ne pas avoir été nommés au Conseil des ministres

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Marc-André Gagnon et Nicolas Lachance

2023-07-19T12:18:14Z
2023-07-20T00:14:07Z
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Neuf mois après avoir été réélue, la députée caquiste de Jean-Talon, Joëlle Boutin, quitte ses fonctions pour des raisons familiales et professionnelles. Elle a accepté une offre qu'elle ne pouvait pas refuser au sein d'une importante firme liée à la transformation numérique au Québec.

• À lire aussi: François Legault réagit au départ de Joëlle Boutin

«Je vous annonce le fruit d’une réflexion approfondie, probablement l’une des décisions les plus difficiles de ma vie. Hier soir, j’ai rencontré le premier ministre du Québec pour lui annoncer que je quitte mes fonctions de député de Jean-Talon à compter du 31 juillet prochain», a-t-elle déclaré mercredi après-midi à son bureau de comté, indiquant qu’elle souhaite passer plus de temps auprès de ses proches. 

«J’ai mes enfants une semaine sur deux. Et souvent, lorsque j’ai mes enfants, je ne les vois presque pas. J’ai envie de passer un peu de temps avec eux.» 

Sur Twitter, le premier ministre François Legault a remercié la députée de Jean-Talon pour son travail. «Joëlle était une collègue très appréciée du caucus! Je lui souhaite bon succès dans ses projets futurs», a-t-il écrit. 

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La rumeur courait toutefois depuis plusieurs jours que Joëlle Boutin avait accepté une offre alléchante du secteur privé. C’est maintenant officiel. 

  •  Écoutez l'entrevue de Marie Montpetit avec Joël Arsenault, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine via QUB radio : 

Selon nos informations, elle sera nommée associée dès le mois d’août pour Levio, une firme québécoise de services-conseils en affaires et technologies.

«La politique est une opportunité extraordinaire qui nécessite aussi des sacrifices au niveau professionnel. C’est après une réflexion approfondie et en tenant compte de divers facteurs personnels et professionnels que j’ai pris la difficile décision de me retirer de la vie politique pour accepter une opportunité dans le secteur privé», a-t-elle indiqué. «Il y a certaines opportunités qu’on ne peut pas refuser.» 

Une offre qu'elle a acceptée, malgré l'augmentation de salaire de 30% des députés.

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Avant d’être élue, Mme Boutin était d’ailleurs cheffe de cabinet du ministre délégué à la Transformation numérique. Il s’agit d’un domaine qu’elle connaît bien. 

Levio conseil est une des entreprises ayant de nombreux contrats avec le gouvernement et avec plus de 300 entreprises au Québec.

  • Écoutez la rencontre Déry-Montpetit avec Patrick Déry, analyste politique au micro de Marie Montpetit via QUB radio : 

Détentrice d'une maîtrise en administration publique et politiques publiques de l'Université Concordia, d'un baccalauréat en économie et politique de l'Université Laval, et d'une licence de pilote professionnelle, la politicienne aujourd'hui âgée de 43 ans s'est fait connaître comme ambassadrice du leadership au féminin, notamment en cofondant Femmes Alpha.

Déçue?

Mme Boutin faisait partie des membres du caucus déçus de ne pas avoir été nommés au Conseil des ministres. Une situation qui n’a «pas du tout» joué un rôle dans sa décision de quitter la politique, a-t-elle affirmé. 

François Legault lui avait plutôt offert le poste d'adjointe parlementaire, pour les volets sciences et innovation, du superministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Poste dans lequel elle soutient avoir eu «beaucoup de plaisir». 

Serait-elle restée si elle avait été ministre? «C’est une question hypothétique», dit-elle.

  • Voyez l'analyse de Marie Montpetit et Marc-André Leclerc :
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Le gouvernement de la CAQ a maintenant six mois pour déclencher une élection partielle dans Jean-Talon. En moyenne, une partielle coûte 585 000$ aux contribuables.

Comme elle n'a pas complété son mandat, Mme Boutin n'aura pas droit à son indemnité de départ.

Court séjour

Élue pour la première fois lors d'une élection partielle le 2 décembre 2019, Joëlle Boutin avait ravi ce qui était depuis longtemps un château fort libéral. Elle a été facilement réélue il y a neuf mois aux dernières élections générales. 

Elle n’aura ainsi jamais siégé à l’Assemblée nationale durant l’entièreté d’un mandat. 

En point de presse, Mme Boutin a admis que sa réflexion s’était entamée il y a «quelques mois» en raison de considérations familiales. 

L’offre de Levio serait toutefois récente, assure-t-elle. 

Pour expliquer ce départ précoce, Mme Boutin explique qu’elle tenait à compléter certains dossiers qui lui tenaient à cœur dans Jean-Talon avant de tourner la page, pour le moment, à la politique. «Il me restait des choses à réaliser dans le comté», plaide-t-elle. L'absence de la députée de Jean-Talon a cependant été remarquée, il y a quelques jours, lors de l'inauguration de la phase trois de la promenade Samuel-De Champlain, pourtant située dans son comté. 

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Son départ survient alors que le Parti Québécois est en tête des intentions de vote dans la région de Québec, selon le dernier sondage Léger-Le Journal.

CE QU’ILS ONT DIT:

«Ça me fait de la peine qu'elle parte, parce que c'est quelqu'un de très compétent»

-Martine Biron, ministre des Relations internationales

«C’est une amie qui s’en va. C’est une collègue avec qui c’était agréable de travailler. Mais bon, ce sont les aléas de la vie»

-Éric Caire, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique,

«C’est une des meilleures, sinon la meilleure députée de la CAQ dans la grande région de Québec. Je n’ai jamais compris pourquoi François Legault l’a ignorée. Incompréhensible que monsieur Legault préfère Éric Caire comme ministre dans notre région»

-Éric Duhaime, chef du Parti conservateur, sans préciser s'il se présentera à l'élection partielle

«Être députée est un travail exigeant, alors je tiens à saluer Joëlle Boutin et lui souhaiter bonne chance dans ses nouvelles fonctions. J’ai aussi une pensée pour les citoyens et citoyennes de Jean-Talon qui, une fois de plus, se retrouvent sans député en plein mandat»

-Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire

«Je tiens à saluer le service public de Joëlle Boutin. Je constate que François Legault aura été incapable de conserver une députée brillante et dévouée»

-Marc Tanguay, le chef intérimaire du PLQ

«Visiblement, elle aurait voulu être ministre, mais le gouvernement a fait le choix de garder en poste les membres de son équipe actuelle»

-Joël Arseneau, député péquiste des Îles-de-la-Madeleine

«Si pour elle c'est la bonne décision, bien c'est la bonne décision»

-Jonatan Julien, ministre des Infrastructures

«C’est sa décision et on vit avec la décision qui a été prise»

-Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé

«C’est un choix. Je pense qu’elle va continuer à contribuer à la société [...] C’était une collègue avec qui c’était agréable de travailler»

-Suzanne Roy, ministre de la Famille

«Perdre une collègue, c’est toujours triste»

-Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

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