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L'article provient de Le Journal de Québec

La déplorable «repolitisation» des tarifs d’Hydro

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2022-03-22T09:00:00Z
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En 2019, le gouvernement Legault, avec sa loi 34, a « repolitisé » la gestion des tarifs d’Hydro-Québec.

Il s’agit d’une véritable régression.

On le voit depuis deux semaines en chambre. Les tarifs sont redevenus, comme dans les années 1980, 1990, un des sujets récurrents des débats.

  • Écoutez l'édito d'Antoine Robitaille lors de la rencontre Foisy - Robitaille diffusée chaque jour en direct 12 h via QUB radio :

Gels, dégels

En raison des poussées inflationnistes, les partis d’opposition réclament un gel des tarifs d’électricité.

Légitime. C’est d’ailleurs ce que le gouvernement a fait en début de mandat : geler les tarifs pour un an. Curieux : l’inflation était pourtant au plancher.

Paradoxalement, alors que les prix s’enflamment, la CAQ refuse tout gel.

Dans les derniers mois, le ministre Jonatan Julien a répété vouloir « lisser l’augmentation » en l’arrimant à l’inflation, principe clé de sa loi 34 adoptée en décembre 2019.

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Une notion que personne ou presque, lors des consultations au sujet du projet de loi, n’a recommandée ni appuyée. La loi fut adoptée sous bâillon.

Lors des débats sur la loi 34 en 2019, quelques mois avant la pandémie, François Legault se moquait des avertissements de l’ancien ministre des Finances libéral Carlos Leitao. Ce dernier demandait au gouvernement : mais qu’allez-vous faire en cas de fièvre inflationniste ?

  • Écoutez la rencontre Rémi Nadeau et Antoine Robitaille diffusée chaque jour en direct 19 h via QUB radio :

« Je ne sais pas sur quelle planète il vit », avait rétorqué le premier ministre avant d’ajouter « nous, on pense qu’on ne verra plus ça, des années d’inflation à 5 %, 6 % ».

La suite lui prouva que non ! C’est précisément ce que nous vivons actuellement et ce sera peut-être le cas pour plusieurs mois, voire des années.

En panique, François Legault s’est fendu d’une sortie pour dire qu’à circonstance exceptionnelle, il y aurait geste « exceptionnel ».

Son gouvernement compensera donc, avec une formule qui reste à définir – il a évoqué un « chèque » ! – la hausse prochaine des tarifs. Dire que la loi 34 devait ajouter de la « prévisibilité » et « simplifier » le processus !

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La réalité se sera donc chargée de démontrer, et ce, dès les premières années de son entrée en fonction, que la loi 34 était une mauvaise idée.

  • Écoutez aussi l'émission balado d'Antoine Robitaille diffusée chaque jour en direct 19 h via QUB radio :

Rare

Au reste, le type de querelle empreinte de populisme, autour des tarifs d’électricité, que nous avons observé en chambre ces derniers temps fut plutôt rare de 1998 à 2022, grâce à la création de la Régie de l’énergie.

Il s’agissait, à l’époque, de « dépolitiser » le processus et garantir « la prise de décision éclairée ».

« La Régie de l’énergie disposera de connaissances requises pour véritablement contre-expertiser Hydro-Québec sur les dossiers plus opérationnels, en particulier les programmes commerciaux, le plan de ressources, le suivi et performance et, bien sûr, la question tarifaire », avait expliqué le ministre Guy Chevrette.

La loi 34 du gouvernement caquiste n’abolit pas la Régie, mais ne lui permet d’intervenir désormais que tous les 5 ans. Soit deux mandats...

L’idéal n’aurait-il pas été de laisser la Régie faire son travail annuel en la rendant encore plus indépendante ? En faisant en sorte, par exemple, que les membres de ce tribunal administratif soient nommés par les deux tiers de l’Assemblée nationale ?

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