Enlèvement du président de Cora: la défense tente de soulever des erreurs dans le travail de l’expert en réseaux sans-fil


Valérie Gonthier
La défense au procès de l’ex-franchisé des restaurants Cora a tenté lundi de semer le doute sur le travail de l’expert en réseaux sans-fil qui affirmait que le téléphone de l’accusé se trouvait à proximité de la maison où la victime aurait été séquestrée après son enlèvement.
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Pendant près de quatre heures le soir du 8 mars 2017, le téléphone de Paul Zaidan a été géolocalisé à plusieurs reprises tout près du 240 rue Principale à Laval. Il s’agit de la résidence dans laquelle le fils de la fondatrice des restaurants à déjeuner Cora, Nicholas Tsouflidis, aurait été menotté pendant de longues heures, après avoir été enlevé chez lui.
C’est grâce aux données du registre des appels entrants et sortants du téléphone de l’accusé que l’ingénieur Joseph Sadoun, expert dans le fonctionnement des réseaux sans-fil, a pu identifier les sites cellulaires utilisés lors de ces appels.
Ainsi, le soir de l’enlèvement de M. Tsouflidis, différents appels auraient été reçus et effectués du téléphone de Paul Zaidan entre 19h53 et 23h33, depuis un rayon variant entre 1,3 et 2,5 km du lieu présumé de séquestration, avait expliqué le témoin vendredi.
Il est possible que d’une même adresse, différentes tours cellulaires soient sollicités pour effectuer les appels, a-t-il précisé.
Rappelons que l’enlèvement serait survenu vers 21h30, avait témoigné pour sa part Nicholas Tsouflidis, au début du procès. Ce dernier avait raconté avoir appelé le 911 du coffre de la voiture, ce qui concorde avec l’analyse du registre de son téléphone.
Aussi, selon les cartes présentées au jury chargé de juger Paul Zaidan, ce dernier se serait aussi rendu un mois avant l’enlèvement à proximité du Best Buy de Laval, où la tablette utilisée pour demander la rançon de 11M$ avait été achetée puis retournée peu après que des passants ne retrouvent M. Tsouflidis ligoté dans un fossé à Laval.
L’appareil de l’accusé a aussi été identifié près du Subway et du Tim Hortons où il se serait connecté aux réseaux internet publics, avec cette même tablette.
Par ailleurs, la défense a tenté lundi de soulever des erreurs dans le travail du témoin Sadoun, lui faisant dire qu’il n’avait pas utilisé le logiciel permettant de retracer avec précision les appels, par manque de temps.
Me Hovsep Dadaghalian a aussi suggéré des erreurs dans son travail, insistant sur les données analysées concernant des communications sur le cellulaire de son client quelques heures avant l’enlèvement.
En après-midi le 8 mars 2017, le téléphone de Paul Zaidan aurait été localisé à proximité du 1940 rue Henri-Bourassa, à Montréal, selon un document produit par l’expert.
Quelques heures plus tard, dans la nuit du 8 au 9 mars 2017, un appel aurait été effectué d’une cabine téléphonique située au 1940 Henri-Bourassa Est par les ravisseurs de Nicholas Tsouflidis, pour appeler sa mère, Cora Tsouflidou, lui ordonnant de se rendre chez son fils et suivre les indications laissées sur la table sans alerter les policiers.
Or, l’expert Joseph Sadoun n’a pas saisi sur la carte la bonne adresse, sélectionnant un point d’intérêt situé sur le boulevard Henri-Bourassa ouest, ce qui donne deux adresses à l’opposée.
Ce dernier a aussi questionné le témoin à savoir si le trajet effectué par le téléphone de son client peut être compatible avec celui d’un individu qui doit effectuer beaucoup de route pour le travail, ce à quoi le témoin a répondu par l’affirmative.
La semaine dernière, le jury a appris que le numéro de cellulaire vieux de 12 ans de Paul Zaidan n’aurait plus été utilisé immédiatement après l’enlèvement. En effet, dès le 9 mars, il n’y a plus eu aucune activité de répertoriée. Activé avec la compagnie Bell en 2005, son numéro a été débranché deux semaines plus tard.
Le procès, qui a débuté en novembre, se poursuit jeudi au palais de justice de Laval, devant le juge de la Cour supérieure François Dadour.