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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

La découverte de nouvelles archives révèle que Jeanne Mance a donné l'équivalent d'un million de dollars pour sauver Montréal en 1653

Des documents inédits révèlent qu’un don de Jeanne Mance a permis de recruter des colons français à un moment où Montréal menaçait de disparaître

Page 1 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance.
Page 1 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance. Musée de la civilisation de Québec
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2024-01-18T14:00:00Z
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Dans un des documents les plus importants dans la création de Montréal, nous avons découvert que Jeanne Mance s’est engagée à donner 22000 livres (l’équivalent d’un million de dollars d’aujourd’hui) à Paul Chomedey de Maisonneuve pour qu’il puisse recruter «au moins cent hommes» et sauver la colonie montréalaise, dont la survie était menacée.

«C’est un élément fondamental de l’histoire de Montréal qui nous est révélé dans cette lettre», signale le muséologue Paul Labonne, directeur général du Musée des hospitalières de Montréal, qui a découvert cette lettre qui jette un nouvel éclairage sur les débuts de la colonie. 

Par un concours de circonstances qui tombe à point puisque son établissement commémore cette année le 350e anniversaire du décès de la fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal, Jeanne Mance (1606-1673), il a mis la main sur des documents inédits qui ont été légués à sa mort à l’évêque de Québec François de Montmorency-Laval. 

  • Écoutez l'entrevue avec Paul Labonne, directeur général du Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal avec Mario Dumont via QUB :  

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Déposés au Musée de la civilisation de Québec, les documents ont été mis au jour à la demande de M. Labonne par l’archiviste en chef, Peter Gagné. 

«Il était très sceptique quand je lui ai dit que des documents fondateurs de l’histoire de Montréal se trouvaient dans ses voûtes», raconte en riant M. Labonne, qui a vu son collaborateur confondu quelques instants plus tard. 

Page 1 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance.
Page 1 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance. Musée de la civilisation de Québec

Page 2 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance.
Page 2 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance. Musée de la civilisation de Québec

Page 3 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance.
Page 3 de la lettre rédigée à la main par Jeanne Mance. Musée de la civilisation de Québec

Découverte historique 

Ce sont plusieurs dizaines de pages de documents inédits directement reliés à Jeanne Mance (principalement des actes notariés désignés dans son testament) qui ont été «découverts» dans ce fonds du Séminaire de Québec.  

«Ces documents n’étaient pas inconnus. Des chercheurs ont pu les avoir sous les yeux mais personne avant nous ne les avait attribués à Jeanne Mance elle-même», précise M. Labonne. Encore récemment, les historiens qui se sont intéressés aux premières heures de Montréal croyaient les manuscrits de Jeanne Mance disparus à la suite d’incendies qui ont réduit en cendres d’innombrables témoins de la Nouvelle-France à Montréal. 

Les documents cédés par Jeanne Mance à Mgr Laval les ont préservés de la destruction. Ils sont dans le fonds du Séminaire de Québec, reconnu par l’UNESCO comme un des biens inscrits au Registre de la mémoire du monde depuis 2007.  

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«Ironiquement, c’est à Québec que se trouvaient les plus précieux documents de la colonie montréalaise», reprend M. Labonne. 

Angélique Faure de Bullion était l'épouse de Claude de Bullion, surintendant des finances de France. Elle hérite d'une grande fortune à la mort de son mari et devient la bienfaitrice, anonyme, de Jeanne Mance et de l'Hôtel-Dieu.
Angélique Faure de Bullion était l'épouse de Claude de Bullion, surintendant des finances de France. Elle hérite d'une grande fortune à la mort de son mari et devient la bienfaitrice, anonyme, de Jeanne Mance et de l'Hôtel-Dieu. Wikimedia Commons / Domaine public

L’histoire qui s’écrit 

La lettre de Jeanne Mance dans laquelle elle enjoint à Paul Chomedey de Maisonneuve de faire venir une centaine de colons à ses frais, grâce à un budget alloué par la mécène Angélique Faure de Bullion, est écrite à la main dans un style très éloquent. 

«Elle décrit Montréal de façon très sensible. On a l’impression d’y être», mentionne le muséologue. 

En réalité, les choses vont très mal et la colonie est au bord de l’implosion. Les Iroquois viennent de terrasser leurs ennemis hurons et prennent Montréal pour cible. Les colons vivent dans la peur de nouvelles attaques et certains songent à retourner dans la mère patrie. 

L’arrivée d’un nouveau contingent de personnes prêtes à s’installer à demeure aux flancs du mont Royal, parmi lesquelles on compte Marguerite Bourgeoys, relancera la vigueur de la colonie. 

«Cette découverte est la preuve que, grâce à des chercheurs avisés comme Paul Labonne, l’histoire continue de s’écrire», a déclaré par communiqué Stéphan La Roche, président-directeur général du Musée de la civilisation. 

Paul Labonne, directeur général du musée des hospitalières
Paul Labonne, directeur général du musée des hospitalières Paul Labonne

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