Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

La crise du verglas vécue autrement

Partager
Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2023-01-06T10:00:00Z
Partager

Début janvier 1998, je sortais de mes vacances des Fêtes passées à Cacouna, dans ma circonscription de Rivière-du-Loup. Alors que la pluie verglaçante commençait à gâcher la vie dans l’ouest du Québec, le même système faisait tomber une neige féerique 400 km plus à l’est. Des conditions rêvées pour promener bébé en traîneau.

Au fil des jours, les reportages télévisés nous ont fait prendre conscience de la gravité de la situation. D’un simple dérangement lié au manque d’électricité, nous passions à une crise nationale.  

Puis ce sont des conversations avec des amis qui nous ont fait réaliser à quel point on vivait en mode survie dans plusieurs secteurs. Chez l’un, la nourriture gardée dans le banc de neige, chez l’autre, la famille au complet qui dort autour du poêle à bois. Ailleurs, on vit à 12 dans un bungalow.

  • Écoutez Mario Dumont à l’émission d’Alexandre Moranville-Ouellet diffusé via QUB radio :

Publicité

Le député veut aider

C’est surtout mon expérience comme député que je veux raconter 25 ans plus tard. Dans une région épargnée comme l’était le Bas-Saint-Laurent, le réflexe fut d’aider et vite. Comme élu local, j’ai tenté tant bien que mal de structurer ces élans de générosité spontanés.

Il fallait des couvertures, des piles et quelques autres articles essentiels. Une compagnie de transport locale a amené un 18 roues dans la cour de l’aréna. Les médias locaux ont relayé l’information. Le premier matin, avant le dîner, un chargement était déjà prêt à prendre la route. Le plus beau de la solidarité québécoise : un chaos de gens qui amenaient du matériel sans rien demander en retour.

Et là je n’ai pas parlé du bois de chauffage. Voilà quelque chose que nous avons en quantité dans le Bas-du-Fleuve ! Plusieurs camions de bois de chauffage ont été remplis dans la cour de l’aréna.

C’était le positif. La générosité, la solidarité.

Il y a un autre volet à mon expérience de député pendant le verglas.

La bureaucratie gelée dans le verglas

La sécurité civile, la division de la Sécurité publique qui prend en charge les crises, a voulu coordonner cet apport d’aide. Quel désastre !

Les bureaux des députés de toutes les régions qui apportaient de l’aide recevaient des ordres formels : aucune aide directe ne doit être acheminée. Toutes les demandes et toutes les livraisons doivent passer par nous.

Un camion plein dans la cour de l’aréna et on vous promet de vous fournir une destination dans... quelques jours !!! Le chauffeur, la propriétaire de la compagnie de transport, ils disent quoi ?

La meilleure anecdote concerne un restaurateur ému de voir les polyvalentes pleines de sinistrés. Il offre de faire des beignes de nuit et de se présenter sur place, pour le déjeuner, avec son camion de livraison. Le fonctionnaire vérifie la liste alphabétique des choses demandées.  

Dans les B, il n’y a pas « beignes »... on n’en a pas besoin !

Malgré l’ordre reçu, je n’ai jamais réussi à faire passer une seule livraison par les voies officielles. J’ai dû contourner le système pour répondre directement aux demandes des communautés.

Le verglas m’aura enseigné la bureaucratie.

Publicité
Publicité