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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

La courtepointe d’Antoine Bertrand

PHOTO AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-06-26T23:00:00Z
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Je ne sais pas ce qui me fait le plus chaud au cœur: 1– Voir Antoine Bertrand triompher avec son discours patriotique en forme de courtepointe de paroles de chansons québécoises. 2– Voir que l’appui à l’indépendance du Québec est en forte hausse chez les jeunes de 18-34 ans. 3– Savoir que le vibrant discours de Serge Fiori en faveur de l’indépendance refait surface. 4– L’ensemble de ces réponses.

Et si tout ça était relié? Et si, après une longue période de léthargie, de morosité, la fierté de la culture et de l’identité québécoise était en train de revenir en force?

Quel discours!

J’ai été littéralement soufflée par la force, la puissance, l’élan patriotique d’Antoine Bertrand, qui a cousu ensemble des pépites de paroles de chansons de chez nous pour dire dans nos mots l’amour de la patrie. Quand j’ai vu la réaction des Québécois à son discours, je me suis dit qu’Antoine Bertrand avait mis en mots tout ce qui fait vibrer le Québec. De Jean-François Lisée à Ariane Moffatt, tout le monde a craqué devant cette fabuleuse déclaration d’amour au Québec.

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Vous savez ce qui me fait craquer aussi? Que de jeunes musiciens québécois comme kinji00 chantent l’indépendance. Lisez le texte de la chanson Fleur de lys: «On s’est fait stab dans le back comme la nuit des longs couteaux/C’pour ça qu’j’suis back sur la track comme si c’était mon boulot/René Lévesque a marché/Et maintenant kinji00 court/J’dis “Vive le Québec libre” jusqu’à tant qu’ils soient sourds.»

Bon, ce n’est pas du Nelligan, mais je suis prête à pardonner beaucoup de choses à ce jeune rappeur, surtout quand il dit: «Des choses illégales, j’en ferais pour la fleur de lys.» Ou encore: «Si j’étais né en 80/J’aurais dit “oui” pour mon pays/Je ferais la même chose/Ça soit demain ou aujourd’hui.»

Quand on voit de jeunes musiciens reprendre le flambeau, quand on voit le PQ trôner au sommet des sondages, on se met à rêver avec Gaston Miron: «Ça ne pourra pas toujours ne pas arriver/Nous entrerons là où nous sommes déjà/Car il n’est pas question/De laisser tomber notre espérance.»

Liberté 2025

On a beaucoup souligné l’ironie entourant le fait que Serge Fiori meure un 24 juin, lui qui était un si fier indépendantiste. On se consolera en se disant que c’est l’occasion pour plusieurs de redécouvrir son discours lors du spectacle de la Saint-Jean de 2019, quand il avait dit: «Au Québec, c’est fantastique d’avoir les quatre saisons. Mais il nous manque la cinquième, qui est notre désir de vivre à tous les jours à la grandeur de ce qu’on est. C’est le rêve d’avoir sa propre maison.»

On sait que Fiori a déjà refusé un million de dollars pour traduire L’Heptade en anglais parce qu’il se serait senti hypocrite de chanter en anglais alors qu’il défendait autant le français.

N’oublions jamais que c’est un fils d’immigrant italien qui nous a chanté: «Des inconnus vivent en rois chez moi. Moi qui avais accepté leurs lois.»

Mon seul regret dans le discours d’Antoine Bertrand, c’est qu’il n’ait pas aussi intégré Les gens de mon pays, de Vigneault, et sa célèbre chute: «Je vous entends demain parler de liberté.»

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