La cote de crédit du Québec abaissée: «Au budget, on avait un choix à faire», se défend le ministre Girard

Yannick Beaudoin
L’abaissement de la cote de crédit du Québec par l’agence Standard & Poor’s (S&P) n’est pas nécessairement une claque au visage de la CAQ, soutient le ministre des Finances, Eric Girard.
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«Il y a un contexte à ça. C’est une agence qui a pris une perspective très négative sur la guerre tarifaire, qui a émis très tôt dans le processus un énoncé négatif sur le Canada, en disant que ça va frapper fort le Québec, l’Ontario, les manufacturiers», a-t-il affirmé, en entrevue à l’émission La Joute, mercredi.
Le ministre défend par ailleurs les décisions qu’il a prises dans son plus récent budget.
«On avait un choix à faire extrêmement important entre l’économie ou les finances publiques», soutient Eric Girard. «On a choisi d’investir dans l’économie», ajoute-t-il.
Ce dernier estime que S&P reproche essentiellement à son gouvernement d’avoir rehaussé les dépenses de façon trop importante et d’avoir planifié trop d’investissements dans les infrastructures.
Le ministre des Finances croit par ailleurs que l’agence S&P prend au sérieux le plan de retour à l’économie du Québec.
«Ils disent que le plan est là, qu’il est crédible, mais qu’il est sur cinq ans et qu’eux regardent dans un horizon de trois ans», clame M. Girard.
Or, les 11 milliards de dollars supplémentaires dans les infrastructures, prévus dans le plan de 10 ans, seront dépensés au cours des trois premières années.
«S&P n’amortit pas les dépenses en capital. Donc, ils prennent le déficit et ils mettent 19 milliards de dépenses en capital puis ils disent: “Vous dépensez trop”», explique le ministre des Finances.

Optimiste malgré tout
Eric Girard est aussi d’avis que la décote du Québec ne veut pas dire que la province aura plus de difficulté à emprunter.
«Il se passe beaucoup de choses dans le marché», rappelle le ministre.
«Au niveau des marchés obligataires mondiaux, les gens ont beaucoup d’investissements américains et cherchent de la diversification [provenant] de gouvernements crédibles avec des politiques économiques crédibles. Et donc, il y a un appétit pour des actifs obligataires canadiens. Et nous, on a un plan de retour à l’équilibre budgétaire sur cinq ans. On a une crédibilité», ajoute-t-il.
Finalement, les perspectives que le Québec vive une récession demeurent très élevées aux yeux du ministre, même si rien n’est coulé dans le béton.
«Si l’ensemble des politiques qui ont été annoncées par le gouvernement américain sont mises en place, la probabilité d’une récession en Amérique du Nord, c’est-à-dire aux États-Unis principalement, mais chez nous aussi, c’est 60%. Par contre, on est tous conscients que c’est une position de négociation visant à mettre de la pression sur les partenaires. Et si on converge vers des niveaux inférieurs, la probabilité de récession va diminuer», indique Eric Girard.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.